La 26e Conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Glasgow (Écosse) du 1er au 12 novembre novembre arrive à grands pas. Les ministres et représentants des pays se bousculent pour se rendre en Écosse. Pour éclairer notre lanterne et celle de nos lecteurs, nous avons demandé à Amine Idriss, spécialiste des questions de développement en poste à l’Agence de développement de l’Union africaine (UA), de nous parler de cette COP26.

Pour cette conférence, 200 pays sont invités à présenter leurs plans de réduction des émissions d’ici 2030. La majorité des pays africains y seront représentés, ainsi que les organisations régionales et sous régionales africaines, mais aussi la BAD (Banque africaine de développement), l’UA (Union africaine), l’AUDA-NEPAD. La Conférence des ministres africains de l’Environnement par exemple, dont le AUDA NEPAD est le secrétariat, a minutieusement préparé chaque étape de cette conférence. Les positions communes africaines seront bien entendues portées par la Présidence de la Conférence, soutenue par la Commission de l’UA, et aussi AUDA-NEPAD.

Comment le Tchad prépare-t-il la COP 26 ?

Je ne saurais répondre à cette question, puisque je ne travaille pas au Tchad ni au ministère de l’Environnement. Mais je sais qu’en général, la COP ne se prépare pas la veille. C’est plusieurs mois de préparation technique, à travers des conférences internationales, des séminaires, des recherches, des consultations nationales et locales, etc. Certains pays organisent beaucoup de débats au niveau national pour les aider à identifier les meilleurs politiques susceptibles de faire partie des positions qu’ils défendront lors des assises internationales. On va à la COP pour défendre les intérêts de son pays, et pour protéger ceux des communautés des pays auxquels on appartient. Je ne suis pas sûr de ce que le Tchad va faire, mais je sais que des techniciens du ministre de l’Environnement, et le conseiller du PCMT sur les questions d’agriculture et d’environnement (un homme plutôt très compètent) se sont préparés.

Que décidera-t-on à la COP26 ?

La plupart des pays ont déjà préparé et ficelé leurs positions officielles en ce qui concerne les réductions des émissions, ainsi que les programmes de protection climatiques, ou les contributions financières et techniques aux efforts de ralentissement des changements climatiques. Toutefois, il faut s’attendre à plusieurs annonces durant les deux semaines que durera la COP26. Les États considérés comme plus gros pollueurs pourraient annoncer des plans pour passer plus rapidement aux voitures électriques par exemple, ou pour accélérer l’élimination du charbon comme sources d’énergie. Des annonces seront aussi probablement faites sur la protection des personnes contre les impacts des changements climatiques. Je rappelle que l’Afrique est le continent le plus touché par les impacts du changement climatique, et le Tchad, qui se trouve dans la bande sahélo-saharienne, fait partie des pays qui accusent les plus gros impacts négatifs des transformations en cours. Le dessèchement du Lac Tchad par exemple, ou encore l’ensablement des fleuves comme le Chari ou le Logone, sont des effets directs des changements climatiques et ils affectent les modes de vie, l’accès a la nourriture, etc. Les changements climatiques induisent aussi des phénomènes de violence humaine, comme les disputes et les conflits de plus en plus nombreux entre agriculteurs et éleveurs, à cause des modifications qu’induit le changement climatique sur les couloirs de transhumance, les périodes de transhumance. Les dégradations des sols, qui touchent l’Afrique a un rythme effréné, et le Tchad a un rythme encore plus important, induisent aussi des mouvements de populations, des migrations, et aussi des problèmes de sécurité alimentaire. Il est donc très probable que des annonces importantes seront faites durant cette COP sur cet aspect précis de la protection des personnes contre les effets des changements climatiques.

Qui viendra à la COP ?

La plupart des dirigeants mondiaux y prendront part. Les organisateurs disent que plus de 25.000 personnes sont attendues à Glasgow. Il y a aura, en plus des dirigeants, des spécialistes, des techniciens, des journalistes, des ONGs, des activistes, mais aussi des entreprises. Plusieurs associations altermondialistes et des activistes prévoient d’organiser des manifestations pour appeler à l’arrêt immédiat de l’utilisation des énergies fossiles, par exemple, ou à la protection des communautés autochtones.

Y a-t-il des points d’achoppement probables ?

Bien sûr qu’il y en aura. Les questions de justice climatique, les questions de financement, etc. seront âprement discutées. Par exemple, les pays développés polluent plus par habitant que les pays en voie de développement qui ont des empreintes carbones beaucoup moins importantes que ceux des pays occidentaux.  Ces pays en voie de développement, comme le Tchad par exemple, subissent aussi des préjudices du fait des pollutions dont ils ne sont pas responsables. On parle toujours et souvent des réparations…mais on parle aussi d’argent pour leur permettre d’investir de manière écologique, dans les énergies renouvelables par exemple, ou pour construire des systèmes de protection de leur biodiversité, ou encore pour accélérer leurs processus d’adaptation aux nouvelles formes de climats qui voient le jour. La COP de Paris avait prévu des investissements et des aides des pays riches vers les pays pauvres de l’ordre de 100 milliards USD par an…. Mais cet objectif n’est pas encore atteint….

Comment la COP26 va-t-elle affecter les Tchadiens ?

Toutes les décisions prises dans toutes les COP affectent les citoyens du monde entier, et les Tchadiens aussi. Les résultats des COP sont souvent traduits par des lois nationales restrictives ou innovantes, dans les pays développés. Si par exemple une décision pour accélérer la survenue de la voiture électrique est prise, cela pourrait changer beaucoup de choses en Afrique. De même, des investissements plus massifs dans les énergies renouvelables pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour le Tchad.

Après, quand aura lieu la prochaine COP ?

Après, en 2022, aura lieu la COP Biodiversité et Désertification, à Abidjan.

Vous-mêmes, prendrez-vous par à cette COP ?

Bien sûr Inchallah ! Nous avons toute une équipe d’experts conçue pour soutenir les efforts de négociations de nos États membres, et nous participons a toutes les COP comme soutiens techniques aux États africains et a leurs organisations régionales.

Pour en savoir plus sur le Sommet faites un tour sur le site de l’événement.