Si les travailleurs tchadiens considèrent la retraite comme une admission au calvaire, ce n’est qu’une logique théorie. Et, le traitement que subissent les retraités en attente de leurs pensions justifie cette appréhension. Ces anciens travailleurs qui normalement devraient gagner leurs pensions sans trop de problèmes sont confrontés à d’énormes difficultés.

Il est 11 heures 45 minutes ce jeudi 21 juillet 2016. Des hommes et les femmes ainsi que les progénitures des pensionnaires militaires et civils ont envahi la cour de la Caisse Nationale des Retraités du Tchad (CNRT). Certains sont assis à même le sol et d’autres assis sur des morceaux de briques et des bancs. L’on peut lire sur leur visage la faim, la soif, le désespoir. Bref, la misère totale de ces pensionnaires qui méritent une attention particulière. Ceux-ci décrient la lenteur et le manque de volonté des responsables en charge de cette institution à leur payer la pitance trimestrielle.

Trouvée sous le hangar de la cour de la CNRT, Mme Halimé ne cache pas son calvaire. « Je suis une veuve retraitée depuis 4 ans déjà, mais, je n’arrive pas à entrer en possession de ma pension. Alors que j’ai fait tous mes papiers » explique-t-elle. Même son de cloche chez M. Jérémie qui souligne que c’est de l’enfer sur terre. « Je peux affirmer que c’est de l’enfer terrestre que nous vivons. Même la faim et la soif peuvent nous tuer. Car, avec la lenteur dans le processus de paiement de la pension, nous ne pouvons pas espérer à avoir notre dû… Il faut que les autorités sachent que c’est argent des contribuables » lâche-t-il.

« Je ne sais que faire avec ma famille que j’ai laissée à Koumra. Depuis sept mois que mon papier est arrivé au niveau du guichet pour percevoir mon argent. Mais, jusque-là, je n’ai pas été payé. Pire encore, le paiement se fait de manière discriminatoire. C’est très déplorable ! » ajoute un quinquagénaire dans l’attente de l’ouverture du guichet.

Saleh venu d’abéché interpelle le président de la République à avoir une pensée particulière aux personnes de 3ème âge. « Raïs Deby yidor que mandat hanaou yamchi guidam daa, khali yifakir lé chiab » lance-t-il en arabe local. C’est-à-dire, si le président Deby veut que son mandat se prolonge, qu’il pense aux vieux.

Pour un équilibre d’informations, nous nous sommes rendus dans le bureau du Directeur général de la CNRT pour avoir sa version, mais celui-ci nous a renvoyés à son sous-directeur. Ce dernier nous a répondu en ces termes : « Je suis le 1er responsable de cette institution bien sûr. Mais, je ne suis pas habilité à me prononcer  ».

Dans la cour, une vieille personne gémit, couchée juste à l’entrée de la CNRT.

Jules Daniel