Pendant les années 60-70, le cours mondial du coton était stable, il y avait très peu de fluctuation, il y avait une activité qui montait. Mais à partir de la fin des années 70, il y a eu beaucoup plus de fluctuations et qui sont en train de s’amplifier jusqu’aujourd’hui.
« Vous vous souviendrez dans les années 95, 96, 97 et 98 quand la baisse de cours a commencé, le coton commençait à perdre de son élan. Des exploitations étaient déficitaires, parce que le cours mondial était très faible, il a chuté », raconte Ibrahim Malloum, ancien Directeur général de la Cotontchad et actuellement secrétaire général chargé du commerce d’Olam.
Pourquoi la Cotontchad a chuté ?
C’est la loi de l’offre et de la demande. A partir des années 80 jusqu’en 2000, il a eu une forte fluctuation. La baisse est due à l’excèdent de l’offre. Les pays industrialisés producteurs et exportateurs du coton tels que les Etats-Unis qui étaient le deuxième producteur mondial du coton et premier exportateur du coton brut suivi de l’Inde, de la Chine, Brésil, etc. subventionnaient leurs producteurs. Surtout les Etats-Unis subventionnaient leurs agriculteurs à de niveau incroyable. Et ce, dans la production et dans l’exportation. « Quel que soit le cours mondial qui baisse, on donne aux paysans le prix qui est nettement supérieur au cours mondial. Les agriculteurs américains vendent ce qu’ils récoltent sur le marché mondial, la différence par rapport au prix, on leur subventionne ça », explique l’ancien directeur de la Cotontchad. Ce qui les amenait à continuer à produire, peu importe le cours mondial. “Cela a amené les Etats à se plaindre devant l’Organisation mondiale pour le commerce tel que contre l’UE sur les subventions”, rappelle Ibrahim Malloum.
A titre illustratif, lorsque le marché mondial a chuté et que le cours mondial est pratiquement aux alentours de 600 FCFA le kilo, le prix de revient est à 800 FCFA. « On vendait à ce prix-là. Alors que les Etats-Unis, au lieu de 800 FCFA, donnent aux paysans une marge et ils vendent au prix mondial. La différence on vous rembourse. Le fermier américain de pays le plus développé n’est pas tenu au niveau de cours sur le marché mondial, puisqu’il a une assurance tout risque qui est subventionné par son Etat. Ce que les paysans africains n’ont pas eu les subventions de leurs Etats », détaille Ibrahim Malloum.
Compte tenu de l’offre globale qui est supérieure à la demande, les cours sont plus bas que les prix de revient, les exploitations agricoles notamment cotonnières toutes étaient dans une situation lamentable. « Ces exploitations accumulent des pertes en pertes pendant des années et ça a entraîné la baisse de la production. Les banques, les paysans, même l’Etat qui vient soutenir un peu avec les engrains et autres n’a pas des moyens », situe l’ex-patron de la Cotontchad.
« On entre dans les années 2000, il y a aussi un autre problème réel, celui de la gestion. On n’a pas respecté les règles strictes de la gestion d’une entreprise. Non seulement le contexte international était difficile, les prix des engrains et d’insecticides augmentent, le cours mondial du coton baisse, les gens sont sous l’effet de ciseau. D’un côté les charges augmentent et de l’autre côté les recettes diminuent et à cela s’ajoute la mauvaise gestion. Donc la filière du coton a perdu sa valeur et est devenue non rentable », conclut-il.
A l’heure pétrolière, vers les années 2000 à 2003, qu’est devenu la Cotontchad ? La réponse au prochain numéro.