SOCIETE -Au Tchad et à N’Djamena particulièrement, le marché de l’emploi est précaire. Des jeunes diplômés et des pères de famille s’exposent, au péril de leur vie, sur la voie publique, tous les jours, pour offrir leurs services aux potentiels demandeurs. Mais la désillusion est parfois grande.


Nous sommes dans le 2e arrondissement de N’Djaména, précisément aux alentours de la grande mosquée Roi Fayçal. Des hommes munis de leurs outils de travail, sont installés çà et là. Ces bras valides quittent différents quartiers, très tôt le matin et passent leurs journées dans ces parages, à la recherche du travail. On y trouve notamment des plombiers, maçons et des électriciens de formation, en quête de pitance.


Allah-Yadji Mathias, âgé de 52 ans, est chômeur depuis 30 ans. Il a trouvé comme refuge cet espace au tour de la mosquée Roi Fayçal.” Je suis un électricien de formation mais dépassé par la situation du pays, par manque de travail, je suis obligé de quitter très tôt le matin le quartier Ambatta pour me rendre sur ce lieu avec mes outils de travail espérant avoir un petit truc à faire pour pouvoir nourrir ma famille, offrir mon service aux gens comme la vie m’a appris un tas de choses. A part mon domaine de formation, je connais conduire les véhicules et je m’en sors en construction de maison”, décrit Mathias avec amertume. Père de 6 enfants, Allah avoue qu’il n’est pas facile pour lui de gérer leur scolarité, l’argent de la ration et aussi le loyer. Ma situation est déplorable, c’est Dieu seul qui peut me secourir sinon je n’en peux pas, se resigne-t-il.


Jean Baptiste, plombier de formation est également touché par cette situation. ”Depuis qu’on a fait notre entrée dans cette nouvelle année, je viens chaque jour mais je n’ai pas encore été sollicité pour faire une prestation de service dans n’importe quel domaine. Ce n’est pas vraiment facile pour un père de famille comme moi de quitter Gassi à pied et venir jusqu’au marché central pour avoir un peu de boulot”, se lamente Jean. Malgré toute cette peine, JB confie rentrer parfois sans argent ”parce qu’il n’y a pas de travail”. Il exhorte par ailleurs le gouvernement à venir en aide aux jeunes sans emploi.

Assis à même le sol, mine grave, Djedouboum Séverin qui a fini à l’université en philosophie depuis 2004, est sans repère. ”Au Tchad, pour avoir un travail, il faut avoir des relations ou les moyens pour corrompre les gens. Comme je suis pauvre, mes dossiers déposés à la Fonction publique, dans des établissements privés sont toujours sans suite, je suis obligé de sortir chaque matin et venir ici en espérant qu’une personne viendra me solliciter pour un travail en maçonnerie”, relate désespérément Djedouboum.