La vie est devenue très chère à N’Djamena. Les premières victimes sont les ménages à revenu faible. Immersion chez Martin, un employé d’une agence de sécurité privée qui gagne 40 000 FCFA, un gain en deçà du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), fixé au Tchad à 60.000 FCFA.
Nous sommes au domicile de Martin, agent de sécurité dans une banque de la place. Avec ses deux enfants et sa femme, ils habitent une pièce louée au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement de N’Djamena.
Arrivé à N’Djamena en 2014 grâce à un de ses oncles, qui décédera quelques années après, la vie du jeune homme n’est pas du tout aisée. “Mon oncle m’a fait venir ici à N’Djamena en 2014 quand j’étais en classe de seconde. Quand je passais pour la terminale, il est décédé et l’ambiance de la maison n’était plus conviviale avec sa femme. J’ai dû arrêter les études et prendre mon destin en main“, raconte Martin.
Pour se prendre en charge, Martin était obligé de se chercher un petit boulot. Malheureusement pour lui, les portes sont toujours verrouillées. Grâce à un de ses amis, il réussit à se faire embaucher comme agent de sécurité. “Au début c’était très compliqué, grâce à Dieu j’ai dû me faire une place en tant qu’agent de sécurité. Et grâce à ce travail j’ai fait venir ma famille du village pour N’Djamena“, raconte-t-il.
Mais le calvaire de ce jeune homme ne s’est pas arrêté là. Il poursuit en ces termes: “je gagne 40.000 F le mois. Il faut payer le loyer à 20.000 FCFA, et 15.000 FCFA pour les provisions de la maison. Et donc je me retrouve avec 5 000f pour mes besoins“.
Ce qui aide un peu Martin, grâce à sa bicyclette, il n’éprouve pas de difficultés pour ses déplacements pour le boulot.
Pour Martin, il est difficile de joindre les deux bouts avec le salaire d’un agent de sécurité. C’est grâce aux efforts de sa femme qui a ouvert une cafétéria devant la maison qu’ils arrivent à manger deux fois par jour.
« Il était difficile pour nous de survivre avec le maigre salaire de mon mari, et donc j’ai décidé de lui venir en aide en faisant le commerce. J’ai commencé ce cafétéria avec les 15 000f qu’il m’avait remis pour les provisions de la famille. Au début je ne faisais seulement que la bouillie. Petit à petit, j’ai commencé par avoir de la clientèle. J’ai donc ajouter les autres menus à la demande de mes clients“, lâche l’épouse de Martin, mine serrée.
Pourquoi ne pas passer à autre chose, Martin dit ne pas avoir des qualifications pour un autre boulot.
” J’ai bien envie d’abandonner ce métier, mais je n’ai pas d’autres expérience pour me trouver du travail. Dès que je vais gagner au loto un jour, j’irai m’inscrire dans un centre de formation pour les petits métiers “, espère Martin.
Comme Martin, bon nombre sont des pères de famille qui vivent avec un salaire qui n’atteint pas le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à N’Djamena. Obligés donc d’associer d’autres petits “business” pour joindre les deux bouts.
DANGOURBE Yves, stagiaire