ABIDJAN – Charles Blé Goudé, farouche partisan de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, arrêté jeudi au Ghana, a été transféré en Côte d’Ivoire où il est détenu par la police, a annoncé vendredi le gouvernement ivoirien.

A l’occasion d’une opération policière conjointe de la Côte d’Ivoire et du Ghana, M. Charles Blé Goudé a été appréhendé le jeudi 17 janvier 2013. Il est actuellement détenu en Côte d’Ivoire par les services de la police ivoirienne dans le cadre de la poursuite des procédures judiciaires déja ouvertes contre lui en Côte d’Ivoire, ont indiqué les ministères de l’Intérieur et de la Justice dans un bref communiqué conjoint.

L’ex-chef des jeunes patriotes pro-Gbagbo, visé par un mandat d’arrêt international émis par Abidjan pour son implication présumée dans les violences postélectorales de décembre 2010-avril 2011 qui ont fait environ 3.000 morts, était en cavale depuis la fin de cette crise.

L’avocat israélien Nick Kaufman, chargé de coordonner sa défense, a déclaré vendredi à l’AFP que la justice ghanéenne lui avait expliqué que l’arrestation de M. Blé Goudé répondait à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Pour le moment, je n’en suis pas sûr, a-t-il cependant ajouté.

Interrogée par l’AFP, la CPI a affirmé ne pas avoir de lien public avec l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, c’est-à-dire n’avoir pas rendu public un mandat d’arrêt contre lui, ce qui n’exclut pas toutefois la possibilité d’un mandat d’arrêt sous scellé, et donc encore confidentiel.

Régulièrement cité comme l’un de ceux qui pourraient être ciblés par la CPI, M. Blé Goudé, jadis surnommé général de la rue pour sa capacité de mobilisation, s’était dit prêt à comparaître devant la Cour, dans un entretien avec l’AFP en juin 2012. Je suis prêt à aller à la CPI parce que je ne me reproche rien, avait-il assuré.

Il est pourtant considéré par ses détracteurs et des ONG internationales comme l’un de ceux qui ont le plus contribué aux violences durant la dernière crise et au-delà durant la dernière décennie de troubles, même si depuis lors il a appelé régulièrement à la réconciliation.

Son transfert en Côte d’Ivoire, particulièrement rapide, intervient alors que des membres du camp Gbagbo se préparaient en hâte depuis jeudi pour organiser sa défense au Ghana, dans l’espoir d’empêcher une extradition.

Avant l’annonce de son extradition, Human Rights Watch (HRW) avait salué son arrestation dans un communiqué. Mais l’ONG avait appelé les autorités ghanéennes à s’assurer, avant de le remettre éventuellement à la Côte d’Ivoire, qu’il ne courait pas un risque crédible de traitement inhumain ou de torture dans son pays.

Charles Blé Goudé, dont l’arrestation a fait beaucoup de bruit à Abidjan, sillonnait l’Afrique de l’Ouest dans sa fuite depuis près de deux ans. Selon des proches, il ne disposait pas du statut de réfugié politique au Ghana, lieu d’exil de milliers de pro-Gbagbo depuis la fin de la crise de 2010-2011.

Il était devenu une figure de premier plan comme fer de lance de manifestations parfois violentes contre l’ex-puissance coloniale française après l’éclatement de la crise politico-militaire de 2002. Il était sous sanctions de l’ONU depuis 2006 (gel des avoirs, interdiction de voyager).

Son mentor, Laurent Gbagbo, a été arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan et est détenu depuis fin 2011 à La Haye par la CPI, qui le soupçonne d’être co-auteur indirect de crimes contre l’humanité. L’audience de confirmation des charges devant permettre de décider de la tenue de l’éventuel procès de l’ex-président doit démarrer le 19 février.

(©AFP / 18 janvier 2013 22h38)