La construction d’un magasin de stockage à Krenick, village du Chari-Baguirmi a permis à la population essentiellement cultivatrice de se structurer et faire face à la période de soudure.
Aucun villageois n’a imaginé qu’un simple magasin peut révolutionner la principale activité pratiquée depuis des lustres. L’agriculture est tout ce qui reste à cette communauté vivant dans le village Krenick situé à 23 km de Dourbali, département de la province du Chari-Baguirmi.
Tout autour du village, des espaces à perte de vue sont déjà aménagés pour la semaille. Un travail qui ne s’est fait que par la force des bras. Les paysans travaillent en groupe et parfois individuellement sur un champ mesurant des dizaines d’hectares.
Malgré le dur labeur, ils ne profitent pas de leur production. Les sacs de céréale produits et qui constituent la richesse de ces paysans ne sont stockés qu’à la maison. Ce qui comporte des nombreux risques. « Nous gardons par le passé les sacs de céréale dans nos maisons de fortune qui sont exposées aux termites et aux intempéries. Ce qui nous astreint à les vendre à vil prix », explique un agriculteur.
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En 2021, le projet de Renforcement de la Productivité des Exploitations agro-pastorales familiales et résilience (Reper) a construit à Krenick, un magasin communautaire et a mis sur pied un comité de gestion composé de 9 personnes choisi parmi les villageois. Du président au contrôleur en passant par les chargés de commercialisation, chacun au sein du comité joue pleinement son rôle pour faire fonctionner le magasin.
Depuis lors, les villageois, à la fin de la récolte viennent stocker leurs sacs dans ce magasin de 120 m2 . Ce qui permet de les sécuriser et les vendre au prix du marché contrairement aux années précédentes où les sacs sont vendus en gros et à vil prix au premier preneur par peur de mévente ou de manque de lieu de stockage.
« Avant c’est nous qui transportons les sacs pour les amener au marché et avec tout ça nous ne sommes pas sûrs de les vendre. Mais maintenant grâce aux chargés de commercialisation du comité de gestion, les commerçants viennent eux-mêmes vers nous pour acheter nos sacs aux prix du marché », explique le contrôleur du comité, Dagalo Hassana.
Le magasin a permis d’alléger la période de soudure
Au-delà de son rôle de stockage, le magasin joue un rôle dans la recherche de la sécurité alimentaire et promeut la solidarité entre les paysans. Selon Dagalo Hassana, contrôleur au niveau du comité de gestion du magasin, le tout n’est pas de commercialiser mais aussi de garder une partie du stock pour alléger la période de soudure qui commence à partir de juillet.
« La construction de ce magasin nous a redonné confiance et nous a éveillé », se réjouit Hadje Ibrahim, cultivatrice.
Grace au stock initial apporté par le projet Reper et la contribution des cultivateurs de Krenick au tout début de la mise en fonction du magasin, le comité de gestion a distribué après identification, 81 sacs de céréales aux ménages vulnérables. « Celui qui reçoit un sac va rembourser un sac et 6 ‘’coros’’. Les gens ont respecté les conditionnalités et aujourd’hui le magasin se retrouve avec 101 sacs au lieu de 81. On va faire la même chose l’année prochaine et on compte avoir encore plus », poursuit Dagalo.
Pour Alladoum Mbailai, chef d’antenne par intérim du projet Reper de Dourbali, le souhait du projet est de faire de ce magasin une véritable entreprise qui doit aider au développement de ce village.
Une mission conjointe du Fonds International de Développement Agricole (Fida) et le gouvernement de revue à mi-parcours du projet Reper a visité le magasin. Les échanges ont porté notamment sur les doléances des cultivateurs qui demandent la construction d’un autre magasin qui boostera davantage leurs activités.
Les cultivateurs espèrent que cette mission dont le rôle est d’évaluer les réalisations du Reper depuis son démarrage en vue de consolider les acquis et tracer le chemin pour les deux ans restants prendra en compte leur doléance.