Si le changement climatique est un phénomène mondial, ses conséquences ne sont pas ressenties de manière uniforme. Un récent rapport international classe le Tchad à la 12e place parmi les 50 pays africains les plus exposés aux effets du dérèglement climatique, et à la 64e place à l’échelle mondiale. Ce classement traduit l’extrême vulnérabilité du pays face aux événements météorologiques extrêmes, aggravée par des capacités techniques et financières limitées.

Ce constat se confirme déjà en 2025, dans la province du Logone oriental, les premières pluies ont provoqué des dégâts importants (maisons écroulées, routes impraticables, champs inondés), laissant plusieurs familles sinistrées alors que la saison des pluies n’a pas encore débuter.

La fragilité du Tchad s’explique notamment par sa dépendance à l’agriculture, un secteur très sensible aux aléas climatiques, mais aussi par une urbanisation mal maîtrisée, la déforestation, le manque d’infrastructures de drainage et l’insuffisance de politiques d’adaptation.

Les experts recommandent d’investir urgemment dans des solutions de résilience : infrastructures adaptées, systèmes d’alerte précoce, renforcement des capacités locales et formation des communautés.

Intitulé « Climate Risk Index 2025 – Who suffers most from extreme weather events? », le rapport de Germanwatch analyse la vulnérabilité de 171 pays et territoires aux événements météorologiques extrêmes entre 1993 et 2022, tels que canicules, inondations, tempêtes ou incendies. Il repose sur trois indicateurs clés : pertes économiques, nombre de décès et population affectée. Les données proviennent de la base EM-DAT, ainsi que de la Banque mondiale et du FMI.

L’indice ne prend toutefois pas en compte certains aspects majeurs comme l’élévation du niveau des océans, la fonte des glaciers ou les impacts indirects (sécheresse, insécurité alimentaire). Il exclut également les catastrophes géologiques comme les séismes ou tsunamis.

En Afrique, la Mauritanie est le pays le plus affecté entre 1993 et 2022, se classant 15e au niveau mondial avec près de 809 personnes touchées pour 100 000 habitants. Elle est suivie par Djibouti (16e), Eswatini (22e), le Niger (27e), le Malawi (34e), le Zimbabwe (35e), le Kenya (36e), la Namibie (38e), le Mozambique (39e) et le Lesotho (40e).

Au total, plus de 9 400 événements climatiques extrêmes ont été enregistrés dans le monde entre 1993 et 2022. Ils ont causé la mort de 765 000 personnes et des pertes économiques estimées à près de 4200 milliards de dollars (corrigés de l’inflation). Les tempêtes (35 % des décès), vagues de chaleur (30 %) et inondations (27 %) ont été les plus meurtrières. En termes économiques, les tempêtes représentent 56 % des pertes (2330 milliards USD), suivies des inondations (32 %, soit 1 330 milliards USD).

Le rapport rappelle enfin que les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables, car ils manquent de ressources financières, de capacités techniques et souffrent souvent de contraintes logistiques majeures. Le Tchad, une fois encore, en est une illustration frappante.

Eric Ngarlem Toldé