Plus de 500 personnes auraient été tuées dans les violences interconfessionnelles au cours de la dernière semaine en République centrafricaine, selon ce qu’a indiqué mardi un représentant d’une organisation humanitaire, alors que la France a confirmé la mort de deux de ses soldats déployés pour tenter de désarmer les rebelles du pays.

Depuis jeudi, les travailleurs humanitaires ont recueilli 461 dépouilles dans la capitale centrafricaine, Bangui, a précisé un porte-parole de la Croix-Rouge locale, Antoine Mbao Bogo. Ce bilan n’inclut toutefois pas les dizaines de victimes de confession musulmane, dont les corps ont été transportés dans des mosquées pour y être enterrés.

La mort des militaires français, qui ont péri dans la nuit de mardi lors de combats opposant l’armée française à des insurgés à Bangui, coïncidait avec l’arrivée du président français, François Hollande. Les pertes dans les rangs français illustrent les risques liés à la mission de désarmement des rebelles et la difficulté du retour à la paix dans une capitale où l’anarchie règne et où les violences interconfessionnelles se multiplient.

Les forces françaises y sont engagées depuis quelques jours, aux côtés des forces africaines, pour rétablir la sécurité, protéger les populations et garantir l’accès de l’aide humanitaire.

De délicates opérations sont en cours pour désarmer des milices et des groupes armés qui sévissent à Bangui, où la situation reste très instable, avec des pillages et des tentatives de représailles contre les civils musulmans. Dans les faits, le désarmement vise en priorité les combattants de l’ex-rébellion Séléka, jusqu’à présent tout-puissants dans la capitale où ils se sont rendus coupables de nombreuses exactions sur la population.

De son côté, les États-Unis ont annoncé mardi le déblocage de 60 millions de dollars supplémentaires d’aide militaire pour l’opération des forces étrangères en République centrafricaine, portant à 100 millions de dollars la contribution américaine. Dans un mémorandum transmis au secrétaire d’État, John Kerry, le président Obama a ordonné de fournir notamment à la France et à l’Union africaine « des matériels de défense et un soutien » logistique pour le déploiement de leurs soldats. Le texte cite parmi les bénéficiaires de cette aide la France, l’Union africaine, le Congo, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, le Burundi, l’Ouganda, le Rwanda et d’autres pays contribuant à la force de l’UA en Centrafrique (MISCA).

Selon l’état-major français, la quasi-totalité des groupes armés ont été désarmés sans incident majeur et en moins de 24 heures, avec le soutien de la MISCA. Les bases des Séléka dans les quartiers ont été évacuées, et leurs combattants rassemblés dans plusieurs camps militaires.

L’urgence pour les militaires français semble désormais de contenir la vengeance des populations de la capitale, en très grande majorité chrétiennes, contre les ex-Séléka et la minorité civile musulmane qui y est associée. Frustrés d’avoir été désarmés et cantonnés dans leurs bases, beaucoup d’hommes de la Séléka sont de leur côté furieux d’avoir été privés par les Français de tout moyen de se défendre — avec leurs familles et leurs proches — face à la vindicte populaire.

Mardi, la violence a de nouveau éclaté quand une foule de jeunes hommes a incendié une mosquée dans le quartier de Fou. Quelque 1600 soldats français sont actuellement déployés en République centrafricaine.