PARIS, 8 décembre (Xinhua) — Le Premier ministre de la République centrafricaine (RCA), Nicolas Tiangaye, a indiqué samedi à Xinhua (Chine nouvelle) être confiant en une sortie de crise pour son pays, en dépit de la situation “très préoccupante” sur place.

“Je suis, bien entendu, optimiste, même si la situation est très difficile. (…) Toute crise a nécessairement des perspectives de sortie”, a-t-il déclaré, dans une interview accordée à l’agence Xinhua en marge du Sommet de l’ Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, qui s’ est déroulé les 6 et 7 décembre à Paris.

“Je crois que le déploiement des forces internationales sur le territoire (entamé dès jeudi soir, peu après le vote à l’ ONU d’ une résolution autorisant une telle intervention) et la volonté du peuple centrafricain, combinés, permettront (à la RCA) de sortir de cette crise”, a estimé M. Tiangaye.

Le contingent français a commencé à se déployer dans la capitale centrafricaine immédiatement après l’ adoption de la résolution 2127 par l’ organe exécutif de l’ ONU, sur ordre du président français François Hollande. Il s’ agit pour l’ armée hexagonale d’ appuyer la force de l’ Union africaine qui doit être dépêchée sur place, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).

Décrivant une situation très grave à Bangui, en particulier ces deux derniers jours, suite aux combats ayant opposé les ex-Séléka (coalition rebelle) et les anti-balaka (milices chrétiennes d’ autodéfense), le Premier ministre a indiqué que “des massacres de part et d’ autre” ont entraîné plus de 300 morts et des centaines de blessés.

M. Tiangaye a expliqué que la détérioration de la situation dans la capitale centrafricaine fait suite aux exactions perpétrées à l’ encontre de populations civiles, notamment chrétiennes, par la Séléka à son arrivée dans le pays. Une milice d’ auto-défense, les anti-balaka, s’ est par conséquent constituée

et “s’ en prend malheureusement à des populations civiles musulmanes”, a signalé le Premier ministre.

“En représailles, les ex-Séléka commettent d’ autres exactions sur les populations civiles chrétiennes. C’ est cet engrenage qui risque de conduire à une confrontation interreligieuse qu’ il faut absolument chercher à résorber”, a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement centrafricain a rappelé qu’ il s’ était tourné vers la communauté internationale dès le 15 mai 2013, en demandant au Conseil de sécurité de l’ ONU “de voter une résolution sous chapitre VII de la Charte des Nations unies impliquant l’ usage de la force pour un déploiement des troupes françaises, déjà sur place à Bangui, afin de mettre un terme aux exactions dont la population civile était victime”.

“J’ ai réitéré cette requête lors de la 68e Assemblée générale des Nations unies (fin septembre 2013) et, heureusement, que la France aussi a pris le devant de la scène et a donc sensibilisé l’ ensemble de la communauté internationale pour venir au secours de la RCA”, a souligné M.Tiangaye.

Le Premier ministre a, en outre, insisté sur l’ urgence d’ apporter une assistance humanitaire au pays, dont “l’ ensemble de la population, c’ est-à-dire quatre millions six cent mille habitants, ont été touchés par cette crise”.

Par ailleurs, “il faut permettre au gouvernement de rétablir l’ autorité de l’ Etat sur l’ ensemble du territoire national, et ce afin de nous conduire vers des élections transparentes, crédibles et démocratiques”, a-t-il encore indiqué.

Quant à l’ action envisagée actuellement par le gouvernement centrafricain, elle “concerne particulièrement la mise en œuvre de la feuille de route et puis le programme d’ urgence financé par la communauté internationale à hauteur de 670 millions d’ euros”.

“Dans les prochains mois, il y aura une table ronde de donateurs pour permettre le financement de cette feuille de route et de ce programme d’ urgence. C’ est ce qui a été décidé entre autres (lors de la réunion spéciale consacrée à la Centrafrique en marge du Sommet de l’ Elysée)”, a annoncé M. Tiangaye.

La RCA est secouée par une crise politique et humanitaire profonde depuis le renversement, le 24 mars dernier, du président François Bozizé par le chef de la coalition rebelle Séléka, Michel Djotodia.