NEW YORK (Nations unies), 28 mars (Xinhua) — L’arrivée à Bangui des rebelles de la Séléka le 24 mars dernier a aggravé une situation humanitaire déjà difficile en République centrafricaine, a indiqué jeudi le Bureau de la Coordination de l’aide humanitaire des Nations Unies (OCHA).

Cette coalition de rebelles a en effet pris le pouvoir par la force au cours du weekend dernier, contraignant à la fuite le président du pays, François Bozizé.

Joint à Bangui au téléphone, le coordonateur par intérim de l’action humanitaire sur place, le Dr. Zakaria Maiga, confiait ce matin au Centre d’actualités de l’ONU que la plus grande confusion règne actuellement à Bangui : « Des pillages généralisés sont commis non seulement par des membres de la Séléka, mais aussi par d’anciens soldats de l’armée centrafricaine régulière et des civils en uniforme qui se font passer pour des militaires. »

« Maintenant qu’elle a pris le pouvoir, la Séléka a la responsabilité première de fournir des services de base à une population en détresse, mais leurs exactions ne font qu’aggraver la situation », a déploré M. Maiga.

Depuis décembre 2012, 173.000 personnes environ ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que plus de 32.000 autres ont fui en République démocratique du Congo (RDC), au Cameroun et au Tchad.

L’insécurité régnante entrave les efforts humanitaires et l’acheminement de l’aide, notamment médicale. De nombreux blessées ont été faits par les derniers combats à Bangui et évacués vers les hôpitaux les plus proches, qui peinent cependant à gérer ces arrivées massives, une prise en charge encore compliquée par les fréquentes coupures d’électricité et le manque d’articles et d’équipements médicaux.

« La protection des civils est primordiale, » a poursuivi M. Maiga. « J’appelle toutes les parties à assurer la sécurité des habitants de Bangui et du reste du pays, à s’abstenir de toute violence supplémentaire et à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme. »

Dans ce contexte, a-t-il assuré, la communauté humanitaire fait tout son possible pour intensifier ses opérations, plaidant pour un accès en toute sécurité aux nécessiteux.

L’un des principaux défis auxquels la République centrafricaine fait face sur la durée est, selon M. Maiga, celui de l’insécurité alimentaire. Ses manifestations sont déjà visibles dans le nord et le centre du pays, où plus de 80.000 personnes risquent d’y être exposées pendant la prochaine saison creuse, tandis que 13.500 autres sont menacées de malnutrition aigüe sévère.

Le 26 mars, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance ( UNICEF) avait évalué à 600.000 le nombre d’enfants touchés par le conflit et à 166.000 celui des enfants actuellement privés d’éducation en République centrafricaine. Le 18 mars, l’ONU et le gouvernement centrafricain avaient lancé un appel humanitaire d’un montant de 129 millions de dollars pour 2013. Il n’a jusqu’à présent été financé qu’à hauteur de 18%, nous a précisé le Dr. Maiga. Une révision est en cours afin de refléter les besoins supplémentaires générés par l’aggravation récente de la crise.