BANGUI, 15 avril (Xinhua) — Près de 7.000 personnes se sont réfugiées en brousse à la suite de combats ayant opposé des soldats tchadiens de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) et des éléments d’un groupe armé non identifié à Boguila (nord) les 11 et 12 avril, selon un communiqué de Médecins sans frontières (MSF) dont Xinhua a obtenu copie.

D’après le communiqué de l’Ong humanitaire opérant dans cette localité, les violences ont éclaté quand des groupes locaux ont attaqué le convoi des forces tchadiennes qui transportaient également les derniers civils musulmans de Bossangoa (Centre) en direction de Goré, dans le Sud du Tchad.

L’équipe de MSF a déclaré avoir entendu une forte explosion et des tirs d’armes, avant de voir la population s’enfuir.

Le gouvernement tchadien a décidé de retirer ses soldats en réaction, selon N’Djamena, à une campagne d’opinion consistant à ternir l’image de ses soldats, un contingent d’environ 850 hommes, déployés dans le cadre des troupes africaines de la MISCA chargées d’aider à restaurer la paix et la stabilité en Centrafrique.

Le dernier convoi a quitté Bangui le week-end dernier, selon la MISCA.

Les soldats tchadiens étaient accusés de complicité avec les ex- Séléka qui ont renversé François Bozizé le 24 mars 2013 et ont brillé par des pillages et des exactions à l’égard de la population.

Une série d’accrochages au cours desquels ils ont perdu 13 hommes les a opposés à la population et aux milices d’autodéfense anti-Balakas (anti-machettes) fidèles au président déchu.

“Nous avons vu la majorité de la population paniquée fuir en brousse. Nous avons ouvert notre base à une trentaine de femmes et d’enfants qui ont passé la nuit avec nous”, a témoigné Stefano Argenziano, chef de mission de MSF en Centrafrique.

Selon le même communiqué, les équipes de MSF ont reçu trois blessés dans les hôpitaux de Boguila et de Paoua suite aux affrontements, qui ont éclaté vendredi et se sont poursuivis le lendemain.

Stefano Argenziano a exprimé son inquietude, estimant que la fusillade a sûrement causé davantage de blessés. “Personne ne peut s’approcher de la zone des combats pour évacuer les blessés potentiels”, a-t-il fait souligné.

Plus d’un an après la prise du pouvoir de Michel Djotodia, leader des ex-rebelles de la Séléka, et trois mois après sa démission sous la pression des chefs d’Etat d’Afrique centrale et de la France, les violences ne baissent pas en Centrafrique.

Les Nations Unies recensent environ 625.000 personnes qui continuent de vivre dans des camps de déplacés, tandis que la Croix-Rouge centrafricaine estime à au moins 1.400 le nombre de personnes tuées et 960 celui des blessés depuis décembre 2013 jusqu’en mars dernier.

D’autres combats ont opposé lundi à Grimari (centre) les anti- Balakas et les ex-Séléka. Selon une source locale, des éléments de l’ex-Séléka ont attaqué dimanche une base des anti-Balakas à l’entrée Ouest de la ville, faisant plus de deux morts.

Les villes de Bossangoa, Bria, Dékoa et celle de Kabo, situées dans la partie nord de la Centrafrique, théâtres d’affrontements la semaine dernière, vivent un calme relatif après le déploiement de la MISCA et des soldats de l’opération française Sangaris.