Dans un communiqué, la Commission paix et sécurité de l’Union africaine (UA) a rappelé aux dirigeants de la transition tchadienne leur non éligibilité aux élections post-transition et le respect de cette période qui est de 18 mois. Dr Evariste Ngarlem Tolde redoute qu’au vu de ce qui se ‘’trame’’ au dialogue national, où il est notamment décidé l’éligibilité des dirigeants et la prolongation de la transition de deux ans, le pays soit sanctionné.


‘’Il faut dire que la Commission n’a fait que réaffirmer ce qu’elle a déjà dit en mai 2021 : la non-éligibilité des dirigeants de la transition et le respect des 18 mois de transition’’, rappelle Dr Evariste Ngarlem Toldé.

Pourquoi ce rappel maintenant ? Est-il techniquement possible d’élire un président avant le 20 octobre, date d’expiration de ces 18 mois ? Toldé regrette d’abord la lenteur avec laquelle le dialogue s’est préparé, pour qu’il ne se tienne qu’à quelques semaines de la fin de la transition. ‘’Maintenant, il se peut que ce soit une coïncidence parce que le dialogue devrait avoir lieu bien avant. Peut-être qu’ils ont compris ce qui se tramait en coulisse au palais de la culture. Le dialogue devait avoir lieu entre novembre et décembre 2021. Pour eux, le mois d’octobre est consacré aux élections. On ne peut pas comprendre que le dialogue ne commence qu’à un ou deux mois de la fin de la transition’’.

Après le communiqué de l’UA, les chancelleries occidentales ont soutenu la position de l’instance continentale. ‘’Les pressions viennent de toutes parts. C’est une bonne chose. Il faut seulement se rendre à l’évidence qu’il n’appartient pas aux institutions étrangères et aux chancelleries de faire pression sur le CMT. Les Tchadiens eux également s’ils veulent bien lutter, il faudrait qu’ils prennent leur destin en main’’, lance le politologue.

Les membres de la Commission promettent de se retrouver prochainement sur le cas du Tchad. Rencontre qui pourrait accoucher des sanctions contre le pays, si le CMT ne respecte pas ses engagements, projette-t-il.’’Généralement, ce sont les gels des avoirs, des interdictions de voyage, on peut même arriver jusqu’à la fermeture des frontières. Ce qui est sûr, le Tchad n’échappera pas aux sanctions’, croit Dr Toldé, se désolant que le pays tourne déjà au ralenti.’’ Vous voyez déjà qu’aujourd’hui, il n’y a pas eu de rentrée scolaire, les hôpitaux sont à sec, les magistrats sont en grève. Il y a les problèmes des inondations, les conflits intercommunautaires. Même sans sanctions, voilà ce que nous vivons. Et comment vivrons-nous avec les sanctions ? Il faut dire que l’avenir nous promet des jours sombres’’.