Les résultats du baccalauréat de la session de juin 2024 révèlent une baisse inquiétante du taux de réussite des candidats. Avec seulement 26,47% de réussite à la première série, en nette régression par rapport aux 38,10% de l’année précédente, la situation interpelle l’ensemble du système éducatif tchadien. Cet échec massif (plus de la moitié des candidats ont échoué d’office), doit être pris comme un signal d’alarme.

La comparaison avec les années précédentes montre une chute significative du taux de réussite, passant de 35,86% en 2022 à 26,47% en 2024. Cette régression souligne une détérioration continue de la qualité de l’enseignement et de la préparation des élèves. Les grèves des enseignants ont sans doute perturbé le calendrier scolaire et réduit le temps de formation. Les revendications légitimes des enseignants pour de meilleures conditions de travail doivent être entendues, mais les grèves prolongées ont des répercussions directes sur les élèves.

Aussi, malgré les efforts pour réduire les irrégularités, les résultats reflètent une préparation insuffisante des élèves. L’organisation, bien que plus stricte, n’a pas compensé les lacunes pédagogiques. Ainsi, pour redresser la barre, le gouvernement, et en particulier les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, doit prendre des mesures immédiates et stratégiques.

Primo, mettre en place des programmes de formation continue pour les enseignants afin de renforcer leurs compétences pédagogiques et techniques tout en assurant des conditions de travail dignes et motivantes pour éviter les grèves et assurer une continuité pédagogique.

Secundo, le gouvernement doit songer à moderniser les programmes pour les adapter aux besoins actuels du marché du travail et aux évolutions scientifiques et technologiques. Pour cela, il doit encourager des méthodes pédagogiques interactives et participatives qui stimulent la créativité et l’esprit critique des élèves. Le gouvernement doit doter les écoles de matériels pédagogiques modernes (ordinateurs, laboratoires, bibliothèques numériques) et construire et réhabiliter les infrastructures scolaires pour offrir un environnement propice à l’apprentissage.

Tertio, mettre en place des programmes de soutien pour les élèves en difficulté (tutorat, cours de rattrapage) et renforcer les services d’orientation pour aider les élèves à mieux choisir leurs filières en fonction de leurs aptitudes et aspirations. Aussi, d’instaurer des évaluations régulières pour suivre les progrès des élèves et ajuster les méthodes d’enseignement en conséquence. Ensuite, mettre en place des mécanismes de contrôle de qualité de l’enseignement dans toutes les régions du pays. Et enfin, encourager les initiatives de recherche pédagogique pour identifier les meilleures pratiques d’enseignement tout en favorisant l’innovation dans les méthodes d’enseignement et les outils pédagogiques.

Les défis du système éducatif tchadien sont immenses, mais pas insurmontables. Il nécessite une volonté politique ferme et des actions concertées pour inverser la tendance actuelle. Les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur doivent travailler main dans la main avec les enseignants, les élèves et les parents pour rétablir la qualité de l’éducation au Tchad. C’est en renforçant les bases de l’enseignement et en s’adaptant aux exigences contemporaines que nous pourrons offrir aux jeunes tchadiens un avenir meilleur et prometteur.