La ville de Sarh, chef-lieu de la province du Moyen Chari, n’est que l’ombre d’elle-même. Elle semble être abandonnée aussi bien par les décideurs politiques que par ses fils. Hormis les quelques kilomètres de rues bitumées, peu de nouvelles infrastructures que celles laissées de l’époque coloniale et aux premières heures de la jeune République, souvent repeintes pour lui donner l’allure d’une ville neuve. En réalité, Sarh est aujourd’hui une ville fantôme.  

Dès le pont de Balimba, entrée principale de la ville, la première des choses qui frappe à l’œil, c’est la verdure qui fait de Sarh la ville verte. Là, l’on parcourt la voie urbaine jusqu’au centre-ville où on peut admirer l’avenue Kaskanaye bordée de flamboyants.

Les rues qui passent au travers des quartiers 15 ans et Yalnas, devant l’hôpital provincial, l’hôtel Safari, qui toutes les deux se croisent au niveau de l’hôtel de la ville pour échouer à la place de l’indépendance, font admirer la ville avec ses rues bien droites et ombragées.

Dans les jeunes quartiers à l’image de Kamati, Kemkian, Tatala appelés « quartiers fonctionnaires » poussent de jolies habitations. Les bâtiments flambant neufs apportent un grain de beauté à la ville. De l’autre côté, au quartier résidentiel qui abrite les bâtiments administratifs, tout est vieux. Des bâtiments vétustes réfectionnés chaque année pour donner l’allure des bâtiments neufs. L’aéroport de Sarh, quant à lui, plus abandonné que jamais, accueille malgré son état de délabrement avancé, beaucoup plus des avions humanitaires, pour lui donner l’impression de fonctionner.

L’hôtel des chasses, au bord du fleuve Chari est, quant à lui, abandonné. Quant aux anciens quartiers comme Baguirmi, Kassaï, Bornou, Haoussa, Bégou, Banda, les habitations tiennent difficilement du fait que nombreuses sont construites en poto-poto.

Si Sarh semble être bénie par Dieu, sa population vit le calvaire du fait que de nombreuses sociétés sont fermées ou tournent difficilement. Les sociétés telles que la Coton Tchad, la Compagnie Sucrière du Tchad, la Compagnie Textile du Tchad devenue Nouvelle Société Textile du Tchad, elles battent de l’ail. Les quelques rares jeunes, manœuvres dans ces sociétés, s’adonnent à flot à l’alcool.

A environ 800 kilomètres de Sarh, la ville verte, à N’Djaména, ses ressortissants se battent malgré eux, afin que Sarh, retrouve son visage d’antan vu la situation très désolante de cette ville. D’où la création d’une association Agir pour Sarh que Nous Aimons, qui, en 2021, a organisé un premier forum dénommé « Tous à Sarh » afin de parler des difficultés de la ville, chercher les voies et moyens afin de rendre à Sarh sa place.