La campagne de vaccination contre la méningite s’est faite au Tchad en plusieurs étapes, une 1ère campagne en 2011 et une seconde en cette fin d’année 2012.

En cette fin d’année 2012, 38 personnes, la plupart des enfants, ont été paralysées après avoir reçu la dose de MenAfriVac.

MenAfriVac est un nouveau vaccin produit par l’Institut Indien Serum Limited. Selon le Projet pour le vaccin contre la méningite (MVP), c’est le premier vaccin à avoir été approuvé pour une utilisation en dehors de la chaîne du froid, ce qui signifie que le vaccin peut être transporté sans système de réfrigération ou sans packs de glace pendant au moins 4 jours, ce qui est très important en Afrique sachant que les infrastructures sont manquantes.

A qui la faute ? Aux fabricants (est-ce un lot défectueux, les tests pour le transport du vaccin hors chaine de froid n’étaient-ils pas concluants) ? Les agents vaccinateurs ?

Après avoir transféré  certains enfants à l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant et certains adultes et à l’HGRN, un transfert final vers Tunis a été décidé pour 6 enfants et 1 adulte (des médecins, infirmières et aides-soignants ont accompagnés les malades), le tout pour quelques dizaines de milliers d’euros.

Pendant ce temps, les institutions internationales se sont empressées de venir sur le terrain pour étudier l’origine de cette paralysie. La mission d’experts internationaux aura duré en tout et pour tout 7 jours alors que des patients étaient en Tunisie.

On peut alors se poser la question de fiabilité de cette étude, sachant que certains patients étaient en Tunisie.

Il a été recommandé de renvoyer les patients dans leurs familles à Gouro avec un renforcement des structures médicales locales. Le rapport de l’étude démontre aussi que les symptômes observés chez les patients relève de l’hystérie collective, du comportement obsessionnel collectif et à un phénomène psychogénique de masse.

Coïncidence que ces symptômes apparaissent juste après une campagne de vaccination, non ?

Comment croire à ces conclusions ? Les institutions internationales n’avaient-elles pas intérêt à démontrer que la vaccination n’est pas en cause dans cette tragédie afin que le Tchad continue à recevoir des fonds notamment de GAVI (Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination) qui finance l’introduction de nouveaux vaccins ?

Le but ici n’est pas de faire la guerre à la vaccination. Rappelons que La vaccination est une des interventions en santé les plus coûts/efficaces et représente un investissement rentable pour les pays en  développement. Selon les estimations de l’OMS en 2010, si tous les vaccins dont on dispose actuellement contre les maladies de l’enfant étaient largement adoptés et que tous les pays puissent amener leur couverture vaccinale à 90% en moyenne dans le monde, on pourrait d’ici 2015 éviter deux millions de décès supplémentaires chez les moins de cinq ans.

Mais la performance et l’efficience des programmes de vaccination nécessitent un renforcement des capacités humaines et techniques des pays en développement, notamment du Tchad, en vaccinologie et management sanitaire.

 

Nous souhaitons simplement que toute la lumière soit faite sur cette histoire.

Le MenAfriVac a été introduit dans de nombreux pays d’Afrique sans encombre et permet de sauver la vie de nombreux enfants. Mais que s’est-il réellement passé au Tchad ?

Les familles méritent de connaitre la vérité. En espérant que des études complémentaires soient réalisées et que le Ministère de la Santé prenne ce problème de santé publique au sérieux, en prenant en charge les patients.

 

ABDELKERIM YACOUB KOUNDOUGOUMI

Activiste Politique Tchadien,

membre de l’ opposition tchadienne,

Chargé de la diplomatie au Conseil National pour le Changement et la démocratie au Tchad ( CNCD ) www.cncd-tchad.com