Le président camerounais Paul Biya fête ce jeudi ses 92 ans, dont 42 passés à la tête de l’État, sans dissiper les incertitudes sur une possible candidature à un huitième mandat lors de l’élection présidentielle d’octobre.
Officiellement, la question reste en suspens. “Le président a déjà dit qu’en temps opportun il fera savoir s’il se porte ou non candidat“, déclarait en janvier le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. Pourtant, pour de nombreux observateurs et acteurs politiques, l’issue ne fait guère de doute, Paul Biya briguera un nouveau mandat.
“Dans le contexte actuel, même s’il était étendu sur une civière, le candidat Biya sera réélu“, estimait en juillet dernier l’ancien ministre Garga Haman Adji dans le quotidien Mutations. Une assertion qui trouve écho dans l’organisation institutionnelle du pays, les statuts du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) font de lui son candidat naturel.
Depuis son retour d’un séjour médical en Suisse en octobre 2024, le chef de l’État est rarement apparu en public, se limitant à des photographies officielles et à quelques discours télévisés. Toute spéculation sur son état de santé est interdite par la loi, et les discussions sur une succession ont été réduites au silence.
Dans son message de vœux pour la nouvelle année, Paul Biya a affirmé que sa “détermination à servir demeure intacte et se renforce au quotidien“. Cet appel a été largement repris par ses partisans. En janvier, des chefs traditionnels ont renouvelé leur “soutien total et inébranlable“, tandis que des messages enthousiastes sur les réseaux sociaux le présentent encore comme capable de gouverner pour plusieurs mandats.
À l’inverse, certaines voix, notamment celle des évêques catholiques, s’inquiètent de la situation du pays. Dans un communiqué, la conférence épiscopale a dénoncé la “corruption endémique“, le chômage et la détérioration des conditions de vie de nombreux Camerounais.
Malgré un climat social et politique tendu, Paul Biya reste en position de force face à une opposition morcelée et affaiblie. Son principal adversaire en 2018, Maurice Kamto, a déjà annoncé sa candidature, mais il doit encore surmonter des obstacles juridiques pour être investi.
Le pouvoir, lui, semble figé. Le gouvernement n’a pas été remanié depuis 2019, malgré le décès de plusieurs ministres et parlementaires.
À huit mois de l’élection présidentielle, Paul Biya, malgré son âge avancé, semble toujours maître du jeu politique camerounais.