YAOUNDE, 9 juillet (Xinhua) — Les footballeurs, les arbitres et les encadreurs techniques camerounais seront privés de transferts, de formation et de compétitions régionales, continentales ou mondiales jusqu’à la levée de la suspension du Cameroun prononcée le 4 juillet à Zurich par la Fédération internationale de football association (FIFA) en raison d’ingérence du gouvernement dans les affaires du football.

Aliou Sidi et Evarist Mekouandé, deux arbitres camerounais exclus de la liste d’officiels retenus pour diriger les quarts de finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans se déroulant actuellement en Turquie sont les deux premières victimes collatérales de la suspension provisoire du Cameroun de toutes les compétitions organisées par la FIFA et la Confédération africaine de football (CAF).

Les joueurs subissent également un très grand préjudice. La rencontre qui devait opposer l’équipe nationale amateurs aux amateurs gabonais le 6 juillet à Yaoundé, dans le cadre des éliminatoires du championnat d’Afrique des nations (CHAN) Afrique du Sud 2014, a été annulée à la dernière minute. Le Gabon obtient ainsi automatiquement sa qualification pour le tournoi final du CHAN en janvier 2014.

Autre conséquence grave, c’est la participation désormais hypothéquée de la sélection nationale cadette du Cameroun, à un tournoi amical au Venezuela au mois d’août dans le cadre des préparations pour la Coupe du monde du monde de football cadet.

Du côté des clubs, l’incertitude est aussi de mise. Car, le 19 juillet prochain, Coton Sport de Garoua ne pourra pas affronter Séwé sport d’Abidjan dans le cadre de la phase de poule de la Ligue des champions africaine.

Le club camerounais qui a jusqu’ici réalisé un parcours honorable reste l’un des prétendants sérieux pour le titre qui lui a échappé de justesse en 2008 face à Al Alhy du Caire.

Le préjudice sportif touche par ailleurs l’équipe nationale senior. Premiers du groupe I des éliminatoires du Mondial 2014 zone Afrique, avec 10 points, les Lions indomptables ont peu de chances d’affronter la Libye (9 points) au mois de septembre, pour la dernière journée des qualifications.

De même, leur participation dès le mois de janvier aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations Maroc 2015 est remise en cause.

Une élimination pour ces deux plus grandes compétitions majeures serait vécue comme une catastrophe par les sportifs et les supporters camerounais déjà privés de participation aux deux dernières Coupe d’Afrique des nations, Gabon-Guinée équatoriale 2012 et l’édition organisée entre janvier et février 2013 en Afrique du Sud.

Un responsable en place à la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) reconnaît sous anonymat que « le Cameroun est dans de sales draps ».

Car, les conséquences vont plus loin que les participations aux compétitions. En effet, pendant cette période de suspension indéterminée, la FECAFOOT ne peut plus bénéficier de programmes de développement, de cours, de formation de la FIFA ou de la CAF.

En outre, « l’étendue de la suspension est telle qu’elle intervient à la période des transferts au niveau européen. Les footballeurs qui pouvaient prétendre à un transfert ne pourront pas recevoir un document valide de la Fédération camerounaise de football du moment où elle est suspendue », regrette le chef de la cellule de communication à la FECAFOOT, Junior Binyam.

Le Comité d’urgence de la FIFA a décidé le 4 juillet de suspendre provisoirement la Fédération camerounaise de football avec effet immédiat pour motif d’ingérence gouvernementale dans le processus électoral de la FECAFOOT.

Le scrutin s’est achevé le 19 juin par l’élection contestée de Mohammed Iya à la tête de cette institution.

Des centaines de policiers et gendarmes dépêchés par le gouvernement à la demande d’un des candidats malheureux, John Begheni Ndeh, avaient dans un premier temps, interdit aux délégués et à l’émissaire de la FIFA Primo Corvaro, d’accéder dans les locaux de la fédération.

Une ingérence non tolérée par la FIFA. Car, les articles 13 et 17 des statuts de cette association de droit suisse fondée en 1904 imposent aux associations membres de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans l’influence de tiers.

Un comité de normalisation sera constitué afin de réviser les statuts de la FECAFOOT et d’organiser de nouvelles élections à la date butoir du 31 mars 2014 tout en gérant les affaires courantes.

Ce comité de normalisation agira en tant qu’organe électoral, et ses décisions seront définitives et contraignantes. Ses membres ne seront éligibles à aucun poste ouvert.

La suspension sera levée une fois que les autorités camerounaises auront permis au comité de normalisation de pénétrer au siège de la FECAFOOT et de pouvoir y mener sa mission sans entrave. Ce que les autorités ont immédiatement fait en rappelant dans leurs casernes, policiers et gendarmes.