YAOUNDE, 22 juillet (Xinhua) — La suspension provisoire avec effet immédiat prononcée le 4 juillet à l’encontre du Cameroun par la Fédération internationale de football association (FIFA) sera levée dans les prochaines heures, a annoncé un émissaire de la cette institution après l’installation du comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) lundi à Yaoundé.

Nommé samedi avec à sa tête l’ex-ministre des Sports camerounais et ex-secrétaire général de la présidence de la République Joseph Owona par une décision conjointe de l’instance dirigeante du football mondial et la Confédération africaine de football (CAF), son pendant sur le continent, le comité de normalisation de la FECAFOOT se compose de douze membres de profils différents.

Sa mission qui s’étale jusqu’au 31 mars 2014, soit huit mois d’activité, comporte trois axes d’action qui, de manière générale, visent à tourner la page à une crise institutionnelle que le Joseph Owona, éminent professeur d’université de droit, a résumé par « une énième crise, une crise fâcheuse, une crise de plus » causée par une « fédération enracinée dans malgouvernance opaque ».

Il s’agit tout d’abord, a expliqué l’ex-ministre dans son allocution reprécisant les orientations de la FIFA et de la CAF, de « réviser les statuts de la FECAFOOT, au regard de la double exigence du respect de la légalité de la prestigieuse institution de Zurich et au regard de la loi camerounaise relative aux activités sportives, mais et surtout au regard de la légalité interne de la Fédération camerounaise de football ».

C’est la principale pomme de discorde entre le camp de Mohammed Iya, président réélu de cette fédération mais incarcéré dans une prison de Yaoundé à cause des accusations de malversations financières à la Société de développement du coton ( SODECOTON) dont il était aussi directeur général, et ses adversaires qui jugeaient ces statuts taillés sur mesure au profit de celui-ci.

Jusqu’à des anciens joueurs de l’équipe nationale des Lions indomptables du Cameroun comme l’ex-avant-centre Roger Milla aujourd’hui ambassadeur itinérant à la présidence de la République ou bien l’ex-gardien de buts Joseph Antoine Bell, diverses voix dans les milieux du football s’étaient élevées pour exiger une révision de ces textes avant les élections organisées en juin dans un climat de tension.

Alors qu’elle était restée silencieuse, la FIFA par la voix de son représentant au comité de normalisation Primo Corvaro, a fini par admettre qu’« il y a beaucoup de critiques qui ont été faites dans le passé et effectivement il y a quelques faiblesses, quelques anomalies ou des manques dans ces statuts qui se sont révélées à travers cette crise aussi et qu’il falloir mettre sur la table ».

Pour le responsable du département des associations nationales au sein de l’institution basée à Zurich en Suisse dans son discours lundi au siège de la FECAFOOT à Yaoundé, une réflexion mérite d’être menée « pour ensuite proposer une nouvelle structure de la FECAFOOT qui puisse permettre un redécollage du football camerounais ».

Au moment de sa suspension justifiée par l’ingérence du gouvernement, accusé d’avoir déployé des forces de l’ordre et de sécurité à la FECAFOOT après l’annulation de la réélection d’Iya ( en poste depuis 15 ans) par la commission des recours de cette fédération saisie par le camp de John Begheni Ndeh, vice-président et candidat au scrutin, le Cameroun, premier pays africain à jouer les quarts de finale de la Coupe du monde football en 1990 en Italie, était classé 71e au classement de la FIFA.

Grâce à une sanction contre le Togo, accusé d’avoir aligné un joueur inéligible lors du match de qualification pour la Coupe du monde de 2014 au Brésil le 9 juin à Lomé que les Eperviers avaient pourtant gagné par 2 à 0 mais déclaré « perdu par forfait », la sélection camerounaise avait bénéficié d’une victoire sur tapis fert, ce qui lui avait permis de prendre la tête de sa poule constitué par ailleurs de la Libye et de la République démocratique du Congo (RDC).

Mais à cause de la suspension, son équipe amateur n’avait pas pu disputer sa rencontre face au Gabon le 7 juillet à Yaoundé.

Le président du comité de normalisation a qualifié de « délicate » la période transitoire de huit mois d’un travail qui consiste en outre à « gérer les affaires courantes de la FECAFOOT dans un climat que la comité souhaite de quiétude et d’apaisement de passions, de coopération réciproque et de dévouement aux seuls intérêts du football en général et football camerounais en particulier ».

D’après lui, la mission à accomplir réside dans la refondation du football camerounais, victime d’une « malgouvernance opaque » de la part d’une fédération « championne de manOEuvres sordides de supérette, une fédération qui, au finish, choque les joueurs et les encadreurs, une fédération qui prive les Camerounais et le monde du spectacle réjouissant d’une équipe des Lions indomptables jadis séduisante et qui commençait à prendre place dans le cercle sacré des grandes nations du football ».

L’ex-ministre de la Jeunesse et des Sports a annoncé un processus électoral au terme du mandat le 31 mars 2014 « que le comité de normalisation souhaite devoir être totalement transparent, juste et équitable à l’égard de toutes les parties intéressées par ce sport fait roi par les Camerounais ».

Primo Corvaro a pour sa part salué « un moment très très important à plusieurs titres, le plus important étant celui pour Me (Prosper, membre de la commission juridique de la FIFA et président de la commission des appels de la CAF, NDLR) Abega et moi-même de constater la prise de fonction du comité de normalisation ».

C’est, a dit l’émissaire de la FIFA, « la dernière démarche qu’il fallait encore mettre en OEuvre pour que la suspension puisse être levée », une suspension annoncée pour « aujourd’hui ou demain matin (..) pour que le Cameroun puisse prendre de nouveau part à toutes les compétitions internationales et bénéficier de tous les appuis ».

Sur la mission qui a débuté, il a fait savoir qu’« il va falloir travailler sur la structure (FECAFOOT) nationale, mais ensuite il va falloir travailler sur les structures régionales pour qu’émerge à la fin une équipe dirigeante élue par les acteurs du football ». Il a aussi admis un déséquilibre dans la composition de l’Assemblée générale : 111 délégués mais 90 issus des régions.

Certaines sources révèlent des arrangements avec l’équipe de John Begheni Ndeh, ancien ministre qui s’est déclaré président par intérim de la FECAFOOT se fondant sur les textes de la fédération, pour qu’elle retire sa plainte au Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne en Suisse contre la décision de suspension de la FIFA, jugée illégitime.

Le verdict de ce tribunal annoncé pour mardi devait annuler cette décision, selon les observateurs. Avant l’installation du comité de normalisation, le président de la FIFA, Joseph Sepp Blatter, a reçu la semaine dernière une délégation officielle du gouvernement camerounais avec laquelle un terrain d’entente a été trouvé, a affirmé Primo Corvaro.