Le dernier vol du hadj 2015 est arrivé, le lundi 19 octobre de l’Arabie Saoudite, avec quelque 300 pèlerins partis du Tchad en septembre dernier. Il ne resterait plus que les blessés du drame du jeudi 24 septembre dernier, à Mina, qui poursuivraient leurs soins, avec la présence de l’émir du Hadj, sur place. Entre-temps, la plupart des pèlerins arrivés, interrogés, ne racontent que leur calvaire, le désarroi d’hommes et femmes traumatisés par l’organisation de leurs voyages.

De retour au pays, certains pèlerins tchadiens sollicitent du comité d’organisation du Hadj 2015, le remboursement de leurs frais de restauration parce qu’ils n’auraient jamais goûté à une seule nourriture mise à leur disposition à cet effet. D’autres décrient de très mauvaises conditions d’hébergement, dues, en particulier, selon eux, à l’insuffisance des chambres d’hôtels loués par le comité. Ils montrent les images qu’ils ont filmées de compagnons, l’air déshydratés, incapables de se déplacer ou dormir, couchés ou en train de se morfondre dans des couloirs, à même le sol, avec, juste, leurs propres habits ou couvertures du hadj, etc. La canicule était suffocante alors que le comité n’a ni encadré, ni orienté, spécialement, les pèlerins, s’emportent certains. «Nous avons constaté l’absence totale du comité d’encadrement en Arabie Saoudite, de Djedda à Médine, jusqu’à La Mecque. Dès notre descente à Djeddah, où nous étions logées, nous avons continué le reste des activités seules, avec ma tente paternelle et ma cousine, sans le concours des sous-commissions techniques du hadj. Nous cotisions pour notre transport et autres besoins», explique dame Kaltouma, l’air furieuse. «Certains membres du comité d’organisation, ne connaissant rien de l’Arabie Saoudite et du hadj, encadraient des personnes habituées à ce genre de voyage international. Des gens qui s’égarent, eux-mêmes, quand ils se déplacent, peuvent-ils encadrer d’autres ?» déplore un pèlerin, le travail du comité d’organisation du Hadj 2015. Des pèlerins rapportent même que, des dizaines de Tchadiens, parmi eux, n’ont pas pu accomplir leurs devoirs religieux du hadj, parce qu’ils attendaient des bus qui ne sont pas arrivés. Un pèlerin informe, aussi, que, pendant leur déplacement de Médine à La Mecque, les bus qui les transportaient étaient tombés en panne à trois reprises, parce que ces véhicules mis à leur disposition pour les transporter étaient vétustes.

Par ailleurs, les pèlerins tchadiens, épargnés par le premier drame, causé par la chute d’une grue à la Grande mosquée, tuant une centaine de pèlerins, ont enregistré plusieurs morts, blessés et disparus, pendant les bousculades intervenues pendant le rituel de lapidation de Satan. «Les pèlerins mourraient comme des mouches. Tu pouvais voir quelqu’un à côté  de toi, tombé, suite aux bousculades, et mourir sur place. Comme il faisait chaud, les personnes vulnérables succombaient, aussi, malgré que des hélicoptères saoudiens arrosaient les pèlerins d’eau», témoigne Hadjé Hawa. D’après elle, les bousculades ont été fortes que même de personnes solides en ont péri. Mahamat D., la trentaine, retient à leur arrivée à Mina, il faisait plus très chaud, environ 52°C. «Nous avons passé quatre jours. Les tentes où nous étions logés ne n’étaient pas climatisées et n’avaient pas de couchages, comme si le comité d’organisation avait négocié avec les propriétaires des tentes pour les obtenir gratuitement. Elles ne peuvent pas être des tentes louées, parce qu’elles n’ont pas d’équipements», se rappelle encore le jeune Ahmat.  «Nous avons souffert», résume-t-elle le calvaire qu’elle dit n’avoir été enduré par les pèlerins d’aucun autre pays. D’après Al-hadj Souleymane, le plat de riz avec un petit morceau de poulet que l’on servait à quelques pèlerins était insignifiant que certains pèlerins le refusaient, tout comme des œufs de couleur bleue d’origine inconnue.

Le calvaire du hadj s’est ensuite poursuivi pour le retour au pays. «Nous avons mis 48 heures à l’aéroport international de Djedda, sans avoir ni d’eau, ni à manger ou encore à dormir. Nous avons été convoqués un vendredi, aux environs de 21 heures, pour attendre ne prendre l’avion que vers minuit du samedi et arriver vers 10 heures, le lendemain, à l’aéroport de N’Djaména», déplore Hadjé Amma. Le retrait des bagages, à l’aéroport international Hassan Djamouss de N’Djaména, après le retour au pays, est une autre paire de manches. A l’aérogare, les bagages des pèlerins, disposés pêle-mêle, sont piétinés par des personnes à la recherche des leurs. Certains bagages fragiles se cassent et d’autres se détérioraient sous l’effet de la dernière grosse pluie et de la chaleur. Pendant leurs recherches, des talons de leurs bagages en main, des pèlerins, très en colère, répètent, sans cesse, que, cette année, l’organisation hadj est ratée, avec le calvaire subi en Arabie Saoudite et même au Tchad.

«Je souhaite que, dans la prochaine édition, les hautes autorités sélectionnent de personnes de bonne volonté maîtrisant l’organisation du hadj. Il faut nommer la personne qu’il faut à la place qu’il faut afin que nos compatriotes bénéficient d’un bon encadrement et puissent accomplir leurs devoirs religieux dans de bonnes conditions», suggère un pèlerin. Un autre conseille à ses compatriotes de ne laisser partir en pèlerinage des personnes âgées et autres vulnérables, seules, mais de les accompagner ou les confier à d’autres pèlerins. Quelques pèlerins orientent, pour la réussite de l’organisation du hadj, vers des comportements des comités de pays comme le Niger, le Nigeria, le Benin et autres, qui ne se bousculent pas, ni pendant la restauration, ni lors du pesage, moins encore pendant l’embarquement, etc. «Les pèlerins de ces pays étaient mieux organisés, avec des encadreurs qui les suivent de près et à tout moment. Nous souhaiterons que nos autorités copient ce bel exemple et en fassent bénéficier nos compatriotes», sollicite Al-Hadj Abba Moussa.

 HMA pour le Progrès