YAOUNDE, 16 octobre (Xinhua) — Les forces de défense et de sécurité camerounaises ont reçu vendredi à Yaoundé un don américain de véhicules de combat blindés après l’annonce faite deux jours auparavant par le président Barack Obama de l’envoi de quelque 300 militaires en guise de soutien à la lutte contre Boko Haram dans le pays et l’ensemble de la région du Bassin du lac Tchad.
Au nombre de six, ces véhicules connus sous le nom de PSKV (Peace Keeping Security Vehicule) sont des modèles d’engins de combat d’infanterie de fabrication américaine, destinés au transport d’une dizaine de combattants pleinement équipés, robustes, avec une maniabilité tout terrain et protégeant contre les mines, selon la description officielle.
“Aérotransportable, il [ce véhicule] a déjà été déployé en Afghanistan et en Irak, et peut être employé dans notre théâtre des opérations pour des patrouilles de longues distances ou des missions de déploiement de forces rapides”, a précisé en outre le colonel Jean Jacques René Fouda, directeur des matériels interarmées au ministère de la Défense.
De l’avis de ce responsable militaire, une mitrailleuse de 12,7 mm peut être montée sur la partie avant pour le combat frontal, puis une mitrailleuse de 7,62 mm à l’arrière pour la protection arrière.
Ces blindés viennent s’ajouter à un important stock d’équipements que les forces de défense et de sécurité camerounaises utilisent pour leur montée en puissance sur le front de la guerre contre Boko Haram, dans la région de l’Extrême-Nord, frontalière avec le Nigeria et le Tchad, et dont une partie provient d’autres partenaires du Cameroun, tels la Chine, l’Allemagne ou encore la Russie.
“S’agissant de la maintenance et la conduite de ces véhicules, une formation spéciale sera bientôt effectuée par une équipe technique américaine venue de Bangui où ces matériels sont également déployés, dans le cadre de la MNUSCA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine]”, a par ailleurs annoncé le colonel Fouda.
Avant la réception du don, un mémorandum d’entente a été signé au ministère de la Défense pour l’opérationnalisation de l’envoi des 300 militaires désignés par les Etats-Unis pour soutenir à partir du sol camerounais à Garoua, dans la région du Nord, les efforts d’éradication de la secte islamiste nigériane menés par la coalition formée du Cameroun, du Nigeria, du Tchad et Niger.
C’était en présence du ministre camerounais en charge de la Défense, Joseph Beti Assomo, de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Michael Hoza, puis du commandant du Commandement des forces américaines pour l’Afrique (Africom), le général David Rodriguez, en visite à Yaoundé pour la deuxième fois en moins d’un an, après la rencontre avec le président Paul Biya en décembre 2014.
Pour M. Beti Assomo, le Cameroun peut et doit compter avec le concours de ses amis et partenaires pour la réussite de son combat contre le terrorisme. Il a salué le don américain comme un matériel “précieux”.
“C’est une coopération très forte, très étroite et qui est appelée à se développer, à se renforcer davantage”, a-t-il ajouté.
Dans une déclaration officielle publiée jeudi soir à la suite de l’annonce de l’envoi de troupes américaines, le pouvoir camerounais s’est félicité de “cet appui qui témoigne de la grande qualité des relations qu’entretiennent les Etats-Unis et le Cameroun, ainsi que de l’engagement résolu des deux pays à agir de manière concertée pour éradiquer le terrorisme dans le Bassin du lac Tchad et au bénéfice des populations concernées”.
Ces forces, déjà présentes au Cameroun depuis lundi par un premier contingent de 90 hommes, à en croire les deux gouvernements, ont pour rincipal rôle de “conduire des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance”.
C’est une mission qui restera sur ce terrain de conflit aussi longtemps que nécessaire et qui participe du souci de la défense de sécurité nationale et des nécessités de la politique étrangère américaine, a indiqué le président Barack Obama. Soit une allusion voilée aux intérêts politiques, économiques et stratégiques dans cette région, convoitée pour ses importantes réserves d’hydrocarbures.
A ce propos d’ailleurs, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun a affirmé dans son allocution : “nous travaillons actuellement pour bâtir un meilleur futur pas seulement pour le Cameroun mais pour toute l’Afrique occidentale et centrale, et la région du Golfe de Guinée”, région classée “zone d’intérêt vital” par le Congrès américain.
En accord avec cette logique, le diplomate américain a promis l’élimination de Boko Haram et des poursuites judiciaires à son leader, Abubakar Shekau, pour répondre de ces crimes.
“Ce sont, a-t-il souligné, les forces camerounaises qui sont au front, et c’est avec fierté que les Etats-Unis d’Amérique soutiennent le leadership et les efforts de défense” de la nation camerounaise, meurtrie par les attaques répétées du groupe terroriste.
Ce soutien américain, par ailleurs salué par les autorités nigérianes, est aussi accueilli avec satisfaction dans l’ensemble des pays du Bassin du lac Tchad engagés dans la lutte contre Boko Haram, pour sa contribution souhaitée dans l’opérationnalisation en cours également de la force multinationale mixte constituée de ces pays.