Le meurtre d’un commerçant dans le Fitri révèle les risques croissants auxquels font face les opérateurs de transferts d’argent dans les zones enclavées du Tchad.

Nguissi Issa, un commerçant bien connu de la zone de Yao, a été abattu le dimanche 9 mars 2025 aux environs de 20h par des coupeurs de route alors qu’il se rendait à Tarbaga. Résidant à Darmassa, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Yao, chef-lieu de département de Fitri, il était devenu, au fil des années, une figure centrale d’un système de transferts d’argent très sollicité par les populations rurales.

Nguissi Issa ne transportait pas simplement de la marchandise, il faisait le lien entre la diaspora tchadienne, notamment en Libye, et leurs familles restées au pays. Dans une région où les institutions bancaires sont quasiment absentes, il assurait manuellement la distribution des fonds envoyés par les expatriés, grâce à un réseau de correspondants locaux et des échanges via la téléphonie mobile.

Ce système informel, devenu vital pour l’économie rurale, permettait de réduire les risques liés au transport d’argent liquide sur de longues distances. Mais face à l’ingéniosité des opérateurs, les coupeurs de route adaptent désormais leurs cibles. La mort tragique de Nguissi Issa met en lumière la vulnérabilité de ces acteurs essentiels à la survie économique de milliers de familles.

Ce drame soulève plusieurs interrogations, quelles mesures de sécurité pour protéger ces relais économiques ? Quel accompagnement pour encadrer un secteur en pleine expansion, mais encore dépourvu de cadre formel ? Alors que les transferts informels restent le seul canal viable pour de nombreuses zones enclavées, leur sécurisation apparaît aujourd’hui comme un enjeu majeur pour le développement local.

Mahamat Djibrine Issa, correspondant à Ati