Les résultats définitifs des élections législatives du 29 décembre 2024, proclamés ce lundi 22 janvier 2025 par le Conseil constitutionnel, marquent une révolution silencieuse dans la représentation des femmes au sein de l’Assemblée nationale tchadienne. Pour la première fois, grâce à l’application stricte de la loi sur la parité, les femmes occuperont 64 sièges sur 188, soit 34% des élus.

Cette avancée est le fruit de réformes engagées depuis plusieurs années, notamment l’ordonnance de 2018 instaurant la parité dans les fonctions électives et la loi organique de juillet 2024 rendant obligatoire la parité sur les listes électorales. Ces mesures ont permis de surmonter des décennies de sous-représentation féminine dans les institutions tchadiennes. À titre de comparaison, la première législature ne comptait que deux femmes députées, soit 1,6% des sièges, tandis que la dernière en date avant la transition n’en comptait que 15,4%.

Les observateurs saluent cette avancée comme un signal fort envoyé par les autorités pour inclure davantage les femmes dans les sphères de décision. “La femme est la cheville ouvrière de la société. Il est juste qu’elle ait la place qui lui revient de droit dans nos institutions“, a déclaré un représentant du Conseil constitutionnel lors de l’audience solennelle.

Si ces chiffres représentent un progrès remarquable, ils posent aussi les bases d’une transformation durable. Le Conseil constitutionnel a exprimé l’espoir que cette dynamique inspire d’autres institutions, notamment le futur Sénat, où la parité pourrait également devenir une réalité.

Cependant, des défis subsistent. La sensibilisation des partis politiques et des électeurs sur l’importance de la participation féminine reste essentielle pour consolider ces acquis. Les voix critiques soulignent que la représentativité quantitative doit maintenant s’accompagner d’une véritable inclusion qualitative des femmes dans les débats et décisions stratégiques.

En plaçant la parité au cœur de ses réformes, le Tchad fait figure de pionnier dans une région où la représentation féminine reste souvent marginale. Cet engagement renforce également son image sur la scène internationale, dans un contexte où l’égalité des genres est de plus en plus perçue comme un indicateur clé du développement et de la démocratie.

Alors que la quatrième législature s’apprête à siéger, le défi sera désormais de traduire ce succès électoral en un véritable impact sur les politiques publiques, avec des femmes occupant des postes stratégiques et jouant un rôle moteur dans la construction du Tchad de demain.