PORTRAIT – Jeune mère célibataire, Nedje Modestie se débrouille tous les jours pour se prendre en charge. Rencontre avec une femme autodidacte et entrepreneure qui touche presque à tout.

Infographe, artisane, dessinatrice, sérigraphe, cordonnière… Nedjé Modestie porte plusieurs casquettes. A 28 ans, la jeune femme, aux yeux marron, est sa propre patronne. Elle a créé l’entreprise Darimakoun en 2017. Battante, elle a un teint noir. Modestie se tresse toujours avec les mèches. A 13 ans, elle quitte l’école en classe de 5ème au Collège évangélique et se lance très tôt dans la cordonnerie pour pouvoir subvenir à leurs besoins, elle et son petit frère.

Née dans une famille religieuse dont elle est l’ainée, elle obtient le baccalauréat en 2019. Cette humaniste autodidacte fait 1.65m pour 60 kilos. Elle est sa propre patronne à travers l’entreprise Darimakoun. Originaire de la Tandjilé-Est, cette mère célibataire a un fils de 4 ans. Toujours souriante, travailleuse, optimiste mais est nerveuse quelque fois. Modestie aime toujours se comporter ou s’habiller comme les hommes.  Nedjé Modestie grandit avec sa tante paternelle à N’Djamena, car ses parents étant partis étudier en Centrafrique

Comment est née la cordonnerie chez Modestie

Nedjé Modestie « veut s’habiller différemment, plus élégante des autres filles. Alors, elle prend à cœur son business de cordonnerie qui lui apporte assez d’argent et en même temps, cela lui permet de rendre service ». Elle commence par cirer les chaussures des membres de sa famille puis celles des passants. Elle donne des touches nouvelles à ses chaussures en ajoutant sa griffe. Elle va plus loin en habillant les chaussures, en confectionnant des sacs à main, des sacs à dos, des ceintures, les gadgets (bracelets, gourmettes, boucles d’oreilles…) en tissu en cuir. Elle fait des tableaux décoratifs pour les entreprises et particuliers. Elle utilise aussi des perles et des cauris. Elle confectionne également des vêtements en cuir, « made in Chad ».    

La vie de Modestie cordonnière

Modestie sort aux environs de 6h attendre d’éventuels clients pour le cirage et le rafistolage des chaussures. Ce travail de cordonnière matinale lui permet d’avoir d’argent pour satisfaire ses besoins journaliers. Après 8h, elle repart pour s’apprêter et venir en ville pour faire ses travaux dans son entreprise pour livrer les commandes aux clients.

En effet, le salaire qu’elle gagne à la fin lui permet de s’occuper de son enfant et de contribuer à la ration alimentaire de chez ses parents. Notons également que cet argent lui permet de payer un baby-sitter pour s’occuper de son enfant. Elle était partenaire au niveau de Zarlinga une entreprise que Salma Khalil est à la tête. Vu son incroyable talent d’artiste, Salma l’a proposé de venir travailler avec elle comme formatrice. Par la suite, elles ont associé leurs deux entreprises qui sont devenues aujourd’hui Association culturelle positive. Elle forme beaucoup plus les femmes veuves et mères célibataires en autodidacte.

Elle confectionne également des sacs en rondelle avec le Barkal, elle fait du photoreportage. Elle est partenaire avec plusieurs association et entreprises nationales et internationales. 

La vision de Nedjé Modestie

Mlle Nedjé compte poursuivre ses études académiques en anthropologie de l’art pour valoir l’art africain en particulier l’art tchadien. Pour son entreprise, elle compte avoir plus de filles pour leur partager sa connaissance avec ces dernières. Et elle souhaite travailler avec les gens ouverts sans être déçue par ses pensées et ses ambitions, souhaite que toutes filles soient dépendantes par ses créations. Elle a une idée de d’accompagnement des gens qui sont dans le besoin de se battre comme elle dans l’objectif de réussir. Nedjé Modestie appelle toute les filles à se donner pour un travail responsable et assidu.  Le travail en équipe la passionne aussi bien que tout autre travail.

Noudjimadji Perline