Selon une publication abondamment relayée et commentée sur Facebook, un mineur de 11 ans serait victime d’une injustice de la part…de la justice.
Arsène, c’est ainsi que se prénommerait la môme dont la photo circule sur le réseau bleu, vêtue d’un tricot de corps de couleur bleue ciel, le visage et les membres visiblement empoussiérés, le regard fixe et les claquettes débordantes aux pieds.
La publication, qui a suscité entre pitié et colère chez nombre d’internautes, dit ceci : « Des mineurs en prison : Arsène, 11 ans, va vivre sa 1ère expérience de mascarade du système judiciaire MPS. Voici son histoire : (…) Il est conduit à la maison d’arrêt de Klessoum à la base d’un soupçon. Orphelin de père, Arsène, malgré son bas âge, décide de chercher un job, celui d’apprenti taxi pour venir au secours de sa maman, sans emploi. Une passagère l’accuse de lui avoir subtilisé une somme de 600 000 FCFA, qu’elle aurait gardée dans un sac à plastique posé sur le siège passager. Le juge, un véreux dont je tais le nom pour l’instant, a ordonné son dépôt en prison pour 10 000 f, reçus de la plaignante sans établir les faits ». Et l’auteur du post de conclure : « quand on sait les conditions dans lesquelles les Tchadiens sont détenus en prison, on se demande combien de temps Arsène restera-t-il vivant dans cette jungle. C’est le lieu pour moi de supplier les avocats de bonne volonté de venir au secours de cette pauvre dame pour lui sortir son fils, son seul espoir, du couloir de la mort ».
Après cette publication, qui a provoqué des centaines de réactions et interactions, la rédaction a décidé d’aller à la source pour vérifier les faits. Il en ressort qu’Arsène n’est pas arrêté et jeté en prison sur la base d’un soupçon de vol dans un taxi. En effet, lui et autres sont accusés de vol en association. Les faits se sont produits il y a quelques jours au quartier Digangali dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djaména. Dans sa déposition, la plaignante, une dame qui tient une boutique dans un coin dudit quartier, raconte avoir quitté sa boutique pour quelques instants. Et, lorsqu’elle est revenue, elle a constaté la perte du sac en plastique, de couleur jaune, dans lequel elle a gardé toute son économie, soit la somme de 600 000 F CFA. Elle s’est souvenue qu’au moment où elle bougeait, un groupe de jeunes, ayant l’habitude de suçoter la colle, jouait à côté. Elle a alors saisi la police tout en portant des soupçons sur eux. Arrivée sur les lieux, la police a interpellé une dizaine de jeunes, parmi lesquels se trouvait le petit Arsène. Après avoir libéré certains, la police a conduit les quatre autres à la justice. Parmi ces derniers, se trouvaient Arsène et un autre enfant, âgé d’environ onze ans, qui a été libéré aussitôt. Il restera donc Arsène et deux autres, âgés respectivement de 17 et 18 ans. Toujours selon l’enquête, dans la confrontation devant le juge, Arsène est passé aux aveux en confiant que ce sont les deux autres qui lui ont dit d’aller dérober le sac de la dame à son insu en lui indiquant là où elle l’avait mis ; après l’avoir fait, il leur a remis le sac sans en connaitre le contenu. Mais ceux-ci nient lui avoir demandé une telle chose.
Pour le besoin d’enquête, la juge pour enfants, qui est une dame et non un homme, précise une source policière, a décidé de les placer en détention pour éviter tout trouble éventuel. « Les accusés et la plaignante habitent tous dans le même quartier. Elle a dit avoir perdu toute son économie et donc imaginez qu’on laisse les enfants libres. Cela pourrait entrainer des situations encore plus désagréables. Pour la vérité et pour leur sécurité, il vaut mieux qu’ils soient détenus que libérés », explique la source policière, qui regrette que les internautes n’aient pas vérifié les faits afin d’informer objectivement l’opinion.
Sur l’âge du petit Arsène, notre source indique qu’il aurait entre 13 et 14 ans. Mais pour en être sûre, ajoute-t-elle, la juge a demandé à ses parents d’apporter son acte de naissance avant d’envisager s’il faudra leur confier l’enfant ou pas. Rendez-vous est pris pour le lundi, 15 mars 2021 au tribunal de grande instance de N’Djaména.