PARIS, France, 6 août 2013/African Press Organization (APO)/ – Entre Janvier et Mai 2013, des dizaines de milliers de réfugiés Soudanais et de migrants Tchadiens ont fui de violents combats au Darfour pour se réfugier dans la région de Tissi, dans le Sud-est du Tchad. Une enquête de mortalité rétrospective conduite début mai et publiée aujourd’hui par Médecins Sans Frontières (MSF) révèle que 93% des décès parmi les personnes réfugiées ont eu lieu au Darfour avant leur arrivée au Tchad, et ont été principalement causés par la violence.

Les premières informations sur des déplacements de populations ont été transmises début mars à l’équipe MSF qui effectuait alors une campagne de vaccination contre la fièvre jaune dans le district de Goz Beida. Quelques semaines plus tard, MSF mettait en place à Tissi un programme d’urgence : aide médicale, accès à l’eau potable et distribution de biens de première nécessité tels que du savon, des abris ou des bâches plastiques. Les réfugiés racontent les attaques contre leur village incendié, les pillages et le harcèlement des villageois qui n’avaient pas d’autre option que la fuite.

Pour mieux comprendre les circonstances qui ont provoqué ces déplacements massifs de populations, MSF a sollicité Epicentre pour mener une enquête de mortalité rétrospective du 9 au 18 mai à Haraza et Tissi. Les informations ont été recueillies auprès de plus de 15 000 personnes, soit 2658 familles, moitié réfugiées soudanais, moitié migrants tchadiens.

Premier résultat significatif : la majorité des décès ont eu lieu au Darfour avant de traverser la frontière tchadienne. « Cette enquête confirme que les violences commises dans cette partie du Darfour sont effectivement la cause majeure de mortalité parmi les réfugiés, » déclare Delphine Chedorge, coordinatrice des urgences pour MSF. Le rapport souligne que 61% des 194 décès rapportés sont dû aux violences qui ont précédé les deux grandes vagues de déplacements, la première début février et la seconde début avril.

« J’étais à Abugaradil quand j’ai vu arriver des véhicules, raconte Sadam*, un homme de 33 ans arrivé à Tissi au mois d’avril. J’ai été touché par une balle qui m’a blessée au bras droit. Beaucoup de villageois ont été tués. Mes frères m’ont transporté pendant une heure et demi en charrette jusqu’à l’hôpital de Tissi. »

La grande majorité des réfugiés interrogés par MSF à Tissi est originaire d’Abugaradil : ils ont rapportés 71 décès pour ce seul village quand il a été attaqué entre le 2 et le 9 avril. « Ces résultats caractérisent un épisode de violence particulièrement aigüe à Abugaradil et lève de graves inquiétudes sur la situation humanitaire dans la région » estime Delphine Chedorge.

De juin à septembre, les pluies isolent quasiment toute la région de Tissi et les programmes d’MSF ont dû être réduits. Une équipe médicale a néanmoins été maintenue à Tissi et continue de recevoir des patients.

La semaine dernière, les équipes MSF ont soigné 30 nouveaux blessés, dont 13 souffraient de blessures par balle et ont dû être évacués vers la ville voisine d’Abéché pour y recevoir des soins chirurgicaux spécialisés. C’est la plus importante vague de blessés reçus par MSF au cours de ces deux derniers mois.

*Le prénom a été modifié

MSF intervient au Tchad depuis plus de 30 ans et en plus des opérations de réponse aux urgences mène des projets réguliers à Abéché, Massakory, Am Timan et Moïssala.

SOURCE

Médecins Sans Frontières (MSF)