MALABO, 26 juin (Xinhua) — Une quarantaine de chefs d’Etat africains étaient présents au 23e sommet de l’Union afiricaine (UA) , qui a commencé ses travaux de deux jours jeudi à Malabo en Guinée équaotriale, concentrés sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Le 23e sommet de l’UA se propose de donner un signal fort en vue d’impulser la transformation économique du continent.

Reconnue comme un puissant vecteur de croissance, l’agriculture est hissée au rang des priorités pour permettre d’atteindre cet objectif.

C’est ainsi que le chef de l’Etat mauritanien et président en exercice de l’UA pour 2014, Mohamed Ould Abdelaziz, a exhorté dans son discours ses pairs à adopter une déclaration pour le développement de l’agriculture pour la prospérité commune.

Pour un continent où l’agriculture de subsistance reste la principe source de revenus des populations à travers de modestes exploitations familiales à faibles rendements, c’est un énorme défi où de lourds investissements sont jugés nécessaires pour provoquer la mutation recherchée vers une agriculture moderne et mécanisée, créatrice d’emplois et de richesses.

Eradiquer la famine et la pauvreté en milieu rural, suppose toutefois de développer des marchés agricoles, augmenter la production et la productivité agricole, commercialiser des produits à valeur ajoutée c’est-à-dire transformés localement, favoriser l’accès surtout des femmes et des jeunes à la terre et au capital ou encore assurer l’efficacité de la recherche, a souligné la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini- Zuma.

Incapable de mobiliser des ressources domestiques au sein de ses Etats membres, l’UA mise sur ses partenariats avec le reste du monde pour permettre la révolution agricole et industrielle attendue, en même temps que les participants au sommet de Malabo ont débattu pour une nouvelle fois, mais sans s’accorder sur cette idée, de la possibilité d’instituer des mécanismes de financements innovants. Sous l’égide du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président du comité d’orientation des chefs d’Etat et de gouvernement du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en exécution depuis 2002, un sommet sur le financement des infrastructures a eu lieu le 15 juin à Dakar, avec le concours de la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres institutions financières internationales comme la Banque mondiale.

Pour son soutien au Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) et au Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), deux projets importants menés par l’UA, ces assises ont été l’occasion du lancement par la BAD d’un fonds de 50 milliards de dollars américains au profit de la transformation économique africaine.

Aux côtés de ses leaders, le 23e sommet de l’organisation panafricaine a en outré mobilisé d’autres partenaires traditionnels, au rang desquels l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) représentées par leurs dirigeants respectifs, José Graziano da Silva et Kanayo F. Nwanze.

Dans un appel à plus d’actions concrètes, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a salué l’initiative d’une conférence internationale sur le développement en juillet 2015 à Addis-Abeba, siège de l’UA en Ethiopie.

Présent à presque tous les sommets de l’UA depuis son élection à la tête de l’organisation mondiale en 2007, le Sud-Coréen a exhorté de veiller à ce que le développement soit durable et profite à tous dans ce continent.

Il a recommandé d’exporter davantage de biens à valeur ajoutée, développer les marchés régionaux, éliminer les flux illicites de fonds, lutter contre les inégalités, améliorer l’accès à la protection sociale et aux services de base tels que l’eau et l’assainissement, etc.

En attendant une consultation avec les dirigeants du continent sur ce dossier vendredi au dernier jour du sommet de Malabo et la tenue d’un sommet mondial en septembre à New-York, Ban Ki-moon a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’ “être solidaires pour faire au défi du changement climatique”, appelant à limiter les augmentations de températures à moins de 10°C.

D’après lui, des financements annuels de l’ordre de 1 trillion de dollars sont recherchés à partir de maintenant jusqu’en 2050 pour l’adaptation à ce phénomène.

Autre invité spécial, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a fait le déplacement pour solliciter le soutien des pays africains en faveur de la candidature de son pays pour un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Il a pour ce faire promis un accroissement du commerce avec le continent estimé pour l’heure à 28 milliards d’euros d’importations de produits africains. Le vice-président cubain, Salvador Valdes Mesa, a pour sa part assuré des interlocuteurs d’assurer des liens politiques plus étroits avec eux.

Vedette du sommet accueillie par une salve d’applaudissements lors de son allocution, le nouveau président égyptien en la personne du général Abdel Fattah al-Sissi s’est félicité de la réintégration de son pays au sein après la suspension prononcée au motif de changement anticonstitutionnel de gouvernement suite à son coup d’Etat contre le pouvoir de Mohamed Morsi en 2013.

Comme lors du précédent sommet abrité sur son en juin-juillet 2011, le président équato-guinéen s’est illustré par une verve contre le néocolonialisme et plaidé pour la révision des règles du commerce international réputées défavorables à l’Afrique et du système des Nations Unies.

Par Raphaël MVOGO