Au 03 janvier 2019, 2 593 réfugiés nigérians ont été dénombrés par les autorités tchadiennes. Parmi eux, 1688 sont déjà physiquement à Ngouboua. D’autres sont encore à Krikatia, une ile du Lac Tchad, à 1 km du Nigeria en attente du transport par pirogues.

Les derniers évènements militaires survenus au Nigeria le 26 décembre 2018, dans la zone de Baga-Kawa, dans l’Etat de Borno, au Nord-Est du Nigeria, ont causé un nouvel afflux de réfugiés en provenance de ce pays. Ils sont arrivés à Ngouboua, localité située au Tchad, dans la région du Lac, sur la rive Nord-Est du Lac-Tchad. Ces réfugiés sont arrivés en plusieurs vagues successives. Ils disent fuir la situation sécuritaire volatile, qui selon eux, est causée par l’attaque d’une caserne militaire de Baga-Kawa par les éléments du groupe jihadiste Boko Haram.

Parmi les personnes déjà présentes à Ngouboua, plus de 90% sont des femmes et des enfants. Les chiffres évoluent mais c’est l’opération d’enregistrement, déjà entamée par le HCR, qui permettra de fiabiliser les données. 7 femmes ont pu accoucher entre Baga-kawa et Krikatia et à Ngouboua. A leur arrivée à Ngouboua, les réfugiés sont automatiquement tous enregistrés au poste de police de cette localité, puis ils passent par le contrôle médical (vaccination de tous les enfants) avant d’être transportés sur le site de transit à la sortie Ouest de Ngouboua.

L’accès par véhicule à la commune de Ngouboua situé à 45 km de Baga-Sola, Département de Kaya, est difficile en cette période. C’est seulement à l’aide d’un radeau au village de Forklom dans le même département, que les véhicules peuvent traverser un bras du Lac et arriver à Ngouboua. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et son partenaire gouvernemental la CNARR (Commission Nationale d’Accueil et de Réintégration des Réfugiés et Rapatriés), et les autres acteurs humanitaires opérant à Bagasola s’activent déjà à intervenir en urgence dans les domaines de la santé, du pré-enregistrement et de l’enregistrement, de la sécurité alimentaire, Wash (Eau, Hygiène et Assainissement), de la protection de l’enfance et NFIs (articles non consommables); la mobilisation des moyens nécessaires pour débuter en toute urgence le transfert des réfugiés de Krikatia à Ngouboua ; et de Ngouboua à Bagasola (camp de Dar Es Salam). Il faut noter que le HCR, en collaboration avec ses différents partenaires (notamment la CNARR) a débuté l’opération du transfert de ces réfugiés de Ngouboua à Bagasola, le vendredi 4 janvier 2019 par des véhicules.

Ces nigérianes font la cuisines sous les arbres où elles se sont installées à Ngouboua ©UNHCR/A. NGARGOUNE

Par ailleurs, l’Agence a déjà mobilisé les pirogues qui effectueront le transport des réfugiés se trouvant encore à Krikatia pour les acheminer à Ngouboua, puis au camp de Dar Es Salam. En rapport avec cette urgence, le ministre d’Etat, ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, M. Kalzeubé Payimi Deubet, a présidé le lundi 31 décembre 2018, une réunion qui a regroupé quelques membres du gouvernement et responsables des organisations internationales. Réunion à laquelle a pris part, le Représentant Assistant chargé des Opérations au HCR, M. Tshilombo Mbav Cesar. La situation humanitaire dans la province du Lac et les mesures à prendre pour y faire face ont été au centre de la rencontre.

Le Gouvernement demande que tous les réfugiés soient transférés au camp de Dar Es Salam. Le 29 décembre 2018, le Gouverneur de la Province du Lac, M. Dahar Barkai a également rencontré à Bagasola tous les acteurs humanitaires et services déconcentrés de l’Etat au sujet de cette crise humanitaire. A cette occasion, il a personnellement renouvelé sa disponibilité à faciliter toutes les actions devant favoriser le transfert des réfugiés de Ngouboua au camp de Dar Es Salam. Le HCR et ses partenaires ont déjà fait une évaluation dans ce camp et ont démarré les travaux de construction d’abris, des latrines et des points d’eaux pour recevoir cette nouvelle vague de réfugiés. Ce qui va nécessiter des ressources additionnelles.

Le HCR salue la compréhension et la solidarité manifestées par les autorités et les populations tchadiennes à l’endroit de ces nouveaux réfugiés malgré la fermeture de ses frontières. Pour le Chef de Bureau a.i de Bagasola, M. Kengo Wakyengo, cet acte « illustre une fois de plus l’engagement des autorités tchadiennes pour la protection des demandeurs d’asile et des réfugiés » vivant sur le territoire du Tchad. Il a, aussi, souligné le travail fourni sur le terrain par les autorités civiles et militaires pour l’accueil, l’enregistrement et le transfert des nouveaux arrivants. Au 31 novembre 2018, 11.342 réfugiés nigérians vivent au camp de Dar Es Salam et villages hôtes dans la région du Lac ainsi qu’en milieu urbain au Tchad.