N’DJAMENA, 21 juin (Xinhua) — Les besoins de quelque 110.000 personnes ayant fui les violences en Centrafrique restent sous-financés, alors que les bailleurs de fonds ont montré un engagement fort en faveur du Tchad il y a un mois.

“Au cours du dernier mois, les donateurs ont montré un engagement fort pour la réponse humanitaire au Tchad. Le financement du plan de réponse stratégique 2014 du Tchad (PRS) a plus que doublé, passant de 7% à 15%. Au 2 juin, il s’est positionné à 79 millions de dollars. Le plan de réponse reste toutefois parmi les moins financés des 24 PRS dans le monde entier”, déclare Mme Alice Sequi, Cheffe de Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad.

La Commission européenne a annoncé, début mai, qu’elle allouera trois millions euros pour l’aide vitale en faveur des personnes qui fuient la RCA au Tchad. Le nouveau financement, y compris trois millions d’euros pour l’assistance vitale au Cameroun voisin, annoncé au même moment que celui du Tchad, porte l’aide humanitaire de la Commission pour la crise de la RCA à 51 millions d’euros depuis décembre 2013.

Le 11 janvier, le gouvernement allemand a décidé de mettre à disposition 3,8 millions d’euros en faveur des personnes touchées par la crise centrafricaine au Tchad et aux réfugiés du Soudan.

“Avec cette allocation nous voulons exprimer notre sympathie et notre solidarité à ceux qui sont devenus des victimes des crises dans leur pays d’origine ou des victimes des aléas climatiques au Tchad”, a déclaré à Xinhua Helmut Kulitz, ambassadeur d’Allemagne au Tchad.

“Grâce à la généreuse contribution de l’Allemagne, le PAM (Programme alimentaire mondial, Ndlr) va pouvoir continuer à mettre en œuvre le programme de transferts sous forme de coupons dans les sites au sud du Tchad”, explique directrice au Tchad, Mme Lauren Landis. “Avec la contribution de l’Allemagne, le PAM pourra financer deux mois du programme de coupons auprès de plus de 100 000 personnes.”

“Malgré les récentes contributions, la réponse aux besoins vitaux d’urgence en faveur des 100.000 personnes arrivées de la RCA au Tchad est gravement sous-financée”, déplore Mme Alice Sequi.

La construction d’abris d’urgence dans des camps au sud n’est que partiellement financée. Pour poursuivre l’aide alimentaire dans le sud, le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 9,6 millions de dollars pour couvrir les six prochains mois.

L’Organisation internationale des migrations (OIM) avait déjà réduit sa présence sur le terrain à trois équipes mobiles puisque l’organisation avait lancé un appel de plus de 29 millions de dollars pour sa réponse, mais elle n’a reçu que moins de deux millions de dollars.

Le Plan de Réponse Stratégique (PRS) pour 2014 demandant 527 millions de dollars a reçu 38 millions de dollars (7,3%). Quelques sept millions de dollars supplémentaires sont promis par la Commission européenne, la Suède, la Suisse et le Japon.

Le total des besoins humanitaires causés par la crise en RCA au Tchad est estimé par la communauté humanitaire à 137 millions USD pour les six prochains mois. Le plan de réponse du gouvernement tchadien estime, lui, les besoins à 48 milliards F CFA (soit 98 millions USD), cependant ce plan est plus vaste que celui des humanitaires.

Si le gouvernement a pu recevoir des promesses de dons d’onze milliards F CFA, le gap chez les humanitaires reste énorme: 111 millions USD que le coordonnateur résident et humanitaire, représentant des Nations Unies au Tchad, s’investit à combler en faisant un plaidoyer fort au niveau international.

Début novembre 2013, la cheffe d’OCHA avait déjà visité le pays pour attirer l’attention sur cette crise sous-financée et rappeler de ne pas oublier les autres besoins humanitaires du Tchad face à la crise centrafricaine, notamment la malnutrition et l’insécurité alimentaire dans sa bande sahélienne. Aujourd’hui, ces besoins restent toujours énormes.

“Les abris d’urgence, l’eau et l’assainissement demeurent les priorités”, précise la cheffe du Bureau OCHA au Tchad. Il y a trois semaines, les premières pluies ont détruit presque les deux tiers des tentes et inondé le camp temporaire de Zafaye à Gaoui, à la sortie nord-est de N’Djamena, compte tenu de l’insuffisance de drainage.

Plus de 230 personnes sont maintenant obligés de vivre dans un hangar communautaire déjà affaibli par les rayons ultraviolets et la chaleur pendant les quelques derniers mois. Au sud du Tchad, le site de transit de Doyaba s’est retrouvé aussi inondé à la suite des pluies du début du mois. La tente faisant office de centre de santé géré par l’ONG International Rescue Committee (IRC) a été emportée.

“La construction de camps temporaires doit être accélérée pour éviter les épidémies”, indique Mme Alice Sequi. Deux camps temporaires sont en construction par des ONG nationales qui gèrent les sites, en coopération avec le HCR pour la planification du site et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement. A la date du 2 juin, près de 50.000 personnes vivaient encore dans des sites de transit et les camps temporaires dans le sud du pays et près de N’Djamena.

“Conformément aux efforts visant à offrir de meilleurs services aux personnes séjournant dans les sites de transit, les travaux sont en cours pour préparer les camps temporaires plus formels pour accueillir les personnes touchées par la crise de la RCA”, rassure la responsable d’OCHA au Tchad.

Elle exhorte les acteurs humanitaires à ne pas se concentrer uniquement sur les nouveaux sites, mais aussi continuer à aider les gens sur les sites de transit existants de Doyaba, Doba, Sido, Mbitoye et Baibokoum.

En plus des abris, les activités WASH demeurent une priorité. Car dans beaucoup de sites, moins de la moitié des latrines nécessaires est disponible; beaucoup de latrines ont atteint la limite de leur capacité et la défécation à l’air libre risque de contribuer à propager des maladies.

“En même temps, le secteur de la santé doit être renforcé pour éviter les épidémies”, plaide-t-elle enfin. Selon elle, les professionnels de la santé sur les sites font état d’une augmentation significative des cas de diarrhée, de paludisme et d’infections respiratoires aiguës coïncidant avec le début de la saison des pluies.

Depuis la fin décembre 2013, plus de 110.000 personnes ont été enregistrées au Tchad fuyant les violences en République centrafricaine (RCA) voisine, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).