Sous la pression de la rue, l’armée soudanaise a destitué le président Omar Hassan El-Béchir ce 11 avril. Les Soudanais se sont réveillés dans un pays dirigé par un Conseil militaire de transition. Une nouvelle ère politique se dessine.

Une première nuit passée sans El-Béchir comme président de la République islamique du Soudan. Mais la nuit n’a pas été rose. Car, la rue n’est pas toujours satisfaite. Pour la rue, ce n’est pas seulement le départ d’El-Béchir qui l’importe mais le régime avec tous ses acolytes. Cette position vient dénoncer la mise en place du Conseil militaire de transition dirigée l’ancien ministre de la Défense et vice-président sous le régime d’El-Béchir, Awad Ahmed Benawf.

Des milliers de manifestants ont marqué leur rejet de la mise en place de l’instance militaire de transition en se rassemblant devant le QG de l’armée malgré l’instauration d’un couvre-feu, imposé par Benawf pour un mois de 22H00 à 04H00 heure locale, soit de 20H00 GMT à 02H00 GMT.

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La destitution du président El-Béchir a été le fruit d’une lutte qui a duré. C’est après 4 mois de soulèvement populaire que l’armée a été contrainte de procéder à la destitution du désormais ex président, Omar el-Béchir. Mais ce coup de force est diversement apprécié à l’extérieur.  Dans un communiqué diffusé ce jeudi, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a exprimé « la conviction de l’Union africaine que la prise du pouvoir par l’armée n’est pas la réponse appropriée aux défis auxquels le Soudan est confronté et aux aspirations de sa population ». Quitte à la Commission paix et sécurité de l’institution panafricaine de décider de la sanction ou non du Conseil militaire de transition.

L’avenir du Soudan sans El-Béchir

Dorénavant l’avenir du Soudan se jouera sans El-Béchir. Le conseil militaire mis en place doit assurer la transition d’une période de 2 ans. L’Union africaine a exhorté toutes les parties concernées à faire preuve de « calme » et à « engager un dialogue inclusif afin de créer les conditions permettant de répondre aux aspirations du peuple soudanais à la démocratie, à la bonne gouvernance et au bien-être ». L’Union africaine et les Etats-Unis d’Afrique ont appelé à l’intégration des civils dans un gouvernement d’ouverture et un transfert rapide de pouvoir aux civils. Proposition que le pouvoir militaire vient d’accepter en annonçant la mise en place d’un gouvernement civil.

Omar Hassan El-Béchir, destitué, est gardé en lieu sûr et secret, à en croire le président du conseil militaire de transition, Awad Ahmed Benawf. El-Béchir a accédé au pouvoir en 1989 à la faveur d’un coup d’Etat qu’il a perpétré. Il est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, génocide et crimes de guerre au Darfour. Mais le pouvoir militaire qui a été installé n’entend pas l’extrader.