Le Cameroun met progressivement sur pied un grand nombre de programmes spéciaux et de mesures incitatives pour doper la production vivrière. Objectif : couvrir le marché intérieur et satisfaire la forte demande des pays voisins, et ouvrir de nouvelles opportunités de gains aux producteurs et négociants locaux.

Comment améliorer l’approvisionnement des marchés intérieurs et mieux satisfaire la forte demande en denrées alimentaires dans la sous-région? Telle est la question de fond qui sous–tend la stratégie de développement de la production vivrière camerounaise. Car, déjà considérée comme le grenier de la zone Cemac du fait de sa production alimentaire qui ravitaille tous les autres pays de la région, le Cameroun connait de plus en plus des tension sur son marché intérieur du fait des exportation massive de bananes, fruits, légumes, et tubercules vers le Gabon, la Guinée équatoriale, la Centrafrique, le Nigéria, ou encore le Congo et le Tchad. «Le plantin, le macabo, et le manioc sont devenus plus chers parce que les commerçants les ramassent bord champ pour exporter vers le Gabon et le Congo principalement », témoigne une vendeuse de vivres frais au marché d’Etoudi. Elle sont désormais obligée d’aller jusque dans les villages acheter les vivres car les grands commerçants, exportant massivement vers les pays voisins pourraient les précéder et créer la surenchère. En effet, pas loin de la cité Sic de Messa à Yaoundé, une quinzaine de camions surchargés de vivres frais, de semoules de manioc et cageots de tomates en nervures de bambou s’apprête à prendre la route de Kye-Ossi, Abang Minko, mouloundou et d’autres villes frontalière qui permettent d’accéder au Gabon au Congo et à la Guinée équatoriale, les principaux débouchés de la production vivrières camerounaise. Idem à Douala où de grands marchés informels d’exportation de vivres se sont créés. Selon une étude des enseignants de l’Université de Douala, en 2008, un volume d’un peu plus de 155 000 tonnes de produits agricoles et horticoles a été expédié du Cameroun vers ses voisins de la CEMAC pour une valeur estimée de presque 38 milliards de francs CFA. Un chiffre largement sous évalué, selon un cadre du ministère de l’agriculture, qui indique qu’une bonne part de ces exportations de vivres se fait de manière informelle, et échappe de ce fait à la comptabilité officielle.
Pour le moment assure-t-on au ministère de agriculture et du développement rural, il n’y a pas de grandes inquiétudes à se faire sur l’approvisionnement des marchés locaux. « La forte sollicitation de nos produits par les pays voisins est une bonne chose et nous pousse à améliorer la production. Pour le moment la dynamique est bonne car sur toutes les denrées, la production est en hausse d’une année à l’autre. La dynamique est bonne grâce aux mesures multipliées par le gouvernement pour impliquer des plus en plus de jeunes et moderniser la techniques de culture». De ce fait, la production vivrière a crû de 3,8% en 2011 par rapport à 2010 et en 2012, elle a connu une hausse de 4,5%. « Cette progression est liée aux effets positifs (encadrement, distributions des intrants, etc.) des différents programmes et projets, à l’accroissement de la demande nationale et sous-régionale, voire à la reconversion ou aux investissements des retraités et des élites dans cette filière », indique ce responsable.
En 2011, la production de maïs s’est établie à 1,6 million de tonnes, certes en recul de 5,9% par rapport à 2010, mais au dessus de l’objectif de 1,5 million de tonne qui était indiqué, tandis que pour le Riz, autre céréale fortement consommée, la production de riz paddy a atteint 174 089 tonnes, en hausse de 13,7% par rapport à 2010. Le Programme de relance de la riziculture pluviale a appuyé, 18 fédérations et unions de GIC pour la mise en place de 9 503 hectares de riziculture dans 6 régions du pays et 12 pompes d’irrigation ont été installées à travers la Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua (SEMRY). Ces performances devraient encore s’améliorer dans la mesure où plusieurs bassins de production sont en cours de réhabilitation, notamment dans les bassins de Yagoua, de Lagdo (dans le septentrion) et de Ndop pour le riz irrigué. Il y a également en cours la relance de la riziculture dans la zone de Santchou et de Tonga (à l’ouest du pays) pour le riz pluvial et de poursuivre des activités du projet chinois à Nanga-Eboko (dans le centre). « S’agissant des périmètres Semry et Lagdo, explique le gouvernement, un fonds de soutien à la relance de la production a été mis en place qui a permis de mettre à la disposition des agriculteurs des moyens financiers, des structures d’appui et des techniciens. Ces agriculteurs ont bénéficié également d’un don libyen de 10 tracteurs. La Semry a reçu de l’Etat une subvention de 3 milliards pour sa réhabilitation et de 37 millions pour la multiplication des semences ».
Comme l’indique le tableau ci-dessous, les productions de manioc et de pomme de terre ont respectivement progressé. Celles de macabo/taro et d’igname étant demeurées constantes. Depuis quelques années, la production de ces denrées est encadrée par le Programme National de Développement des Racines et Tubercules. Selon les géniteurs de ces l’objectif général du projet est de contribuer, par le développement du secteur des racines et tubercules, à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des niveaux de revenus des pauvres des zones rurales. « Le programme a ainsi adopté une stratégie orientée sur le marché qui renforce les capacités des petits cultivateurs et transformateurs de R&T – dont 90% sont des femmes – de s’organiser aux niveaux du village, du bassin, de la région et du pays et de développer leurs activités de production et de transformation afin de répondre à la demande des consommateurs », détaille le ministère de l’agriculture.

Source: lanouvelleexpression