ADDIS-ABEBA, 26 mai (Xinhua) — Son principal thème avec le panafricanisme, le 21e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), un rendez-vous spécial ouvert samedi à Addis-Abeba pour la commémoration de la création le 25 mai 1963 de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’ UA, a choisi de mener une réflexion sur la sécurisation de la renaissance africaine.

Décidé en faveur des jeunes générations et celles à venir dans la perspective notamment du centenaire en 2063, le devoir de mémoire que s’est imposé l’organisation continentale après un premier cycle de vie de 50 ans se présente davantage comme une projection vers le futur visant à la réalisation des idéaux pour une Afrique unie et prospère ayant concouru à sa mise en place.

Avec la participation d’une trentaine de chefs d’Etat déjà présents et attendant l’arrivée d’autres qui sont annoncés dans la capitale éthiopienne où l’OUA avait justement été portée sur les fonts baptismaux avant d’en devenir le siège, le deuxième sommet annuel qui a été avancé d’un mois par rapport au calendrier habituel, a été ouvert samedi matin par une réunion du comité de pilotage des chefs d’Etat du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).

Un des programmes phares de l’UA qui a fêté son dixième anniversaire en 2012 comme l’organisation elle-même, le NEPAD œuvre à l’intégration économique de l’Afrique à travers la construction des infrastructures telles que les routes et les chemins de fer pour relier via des réseaux interconnectés communément appelés corridors, différents pays et régions du continent.

Pour un linéaire de 31.423 km qui se prolonge sur 45.832 km de voies de raccordement, le réseau transafricain en chantier depuis les indépendances comporte neuf grandes sections : Le Caire-Dakar, Alger-Lagos, Tripoli-Windhoek, Le Caire-Gaborone, Dakar-N’Djamena, N’Djamena-Djibouti, Lagos-Dakar, Lagos-Mombasa et Beira-Lobito.

D’après les estimations, 33% de ces routes sont non bitumés, 16% sont bitumés mais en mauvais état et seuls 38% sont bitumés et relativement en bon état. De l’avis de Dr. Assane Ibrahim Mayaki, directeur exécutif de l’agence de coordination du NEPAD, les financements proviennent entièrement des Etats membres de l’organisation panafricaine.

Le programme s’est accéléré avec les travaux en voie d’achèvement de la transaharienne Alger-Lagos. “Il reste 200 km au Niger. En 2013, au mois de décembre, c’est fini”, confiait-il récemment à Xinhua. Pour lui, il est par-delà tout important de “travailler avec la Chine, un des plus gros investisseurs en infrastructures, dans le cadre du FOCAC (Forum sur la coopération sino-africaine, NDLR)”.

“Aujourd’hui, on a des projets clairs. On a 50 projets prioritaires identifiés dans le PIDA (Programme de développement des infrastructures en Afrique, autre programme phare de l’UA, NDLR) et ces 50 projets ont déjà fait l’objet d’études de préfaisabilité ou de faisabilité. Donc, l’Afrique bouge. Ceux qui veulent rester dans le passé n’ont qu’à rester dans le passé, nous on veut avancer”, assure Mayaki.

Excluant toute intention de s’enfermer dans l’autarcie, le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l’UA, Hailemariam Dessalegn, ainsi que la présidente de la Commission de l’UA, Clarice Nkosazana Dlamini-Zuma, ont salué avec force samedi matin lors d’un débat sur le panafricanisme, les partenariats bénéfiques avec les pays étrangers amis et des organisations internationales.

“Nous avons besoin de l’appui et de la solidarité des partenaires”, a indiqué le successeur de Meles Zenawi, le défunt chef du gouvernement dont visiblement les Ethiopiens n’ont pas fini d’honorer l’œuvre, tant ses portraits continuent de retenir l’attention à Addis-Abeba, une ville qui a refait peau neuve pour accueillir les délégations du sommet des 50 ans de l’OUA.

A l’instar du Boulevard de l’amitié Ethiopie-Chine qui relie en deux voies l’aéroport au centre-ville, des routes aux échangeurs en passant par des édifices, les autorités éthiopiennes ont investi un budget important pour refaire l’architecture de leur capitale.

Aux côtés de la trentaine de chefs d’Etat présents aux festivités de samedi qui s’étendaient sur des manifestations culturelles et sportives (rencontres de basketball), se sont retrouvés un grand nombre de leurs anciens prédécesseurs, d’anciens secrétaires généraux de l’OUA et d’ex-présidents de la Commission de l’UA.

Après le récent sommet des BRICS (Brésil, Inde, Russie, Chine et Afrique du Sud) fin mars à Durban en Afrique du Sud, ce sommet du jubilé d’or reçoit la présidente brésilienne Dilma Rousseff pour sa seconde visite successive en Afrique et pour la première fois le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

Avec le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, toujours présent, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, fait aussi partie des invités spéciaux de la 21e grand-messe des leaders africains qui tiendra sa séance d’ouverture officielle dimanche matin jusqu’à lundi.

En dehors du thème officiel, les participants qui continuaient d’affluer samedi dans la capitale éthiopienne auront par ailleurs à se pencher sur les crises que connaît en ce moment le continent : le Mali, la République démocratique du Congo (RDC), Madagascar, la Guinée-Bissau, le Soudan et le Soudan du Sud, la Somalie, la République centrafricaine (RCA), etc.

Encore une fois, malgré la fête, l’agenda s’annonce serré. D’ores et déjà, des mini-sommets et des rencontres à caractère bilatéral sont observés depuis l’arrivée des premières délégations de chefs d’Etat jeudi.