L’opposition au président congolais Denis Sassou Nguesso a appelé mercredi à Brazzaville à “une marche patriotique et pacifique” dans tout le pays vendredi. Elle conteste les résultats du référendum constitutionnel permettant au chef de l’Etat de se représenter.

Les deux principales coalitions ayant fait campagne contre le référendum constitutionnel de dimanche, dont elles ont rejeté les résultats, veulent par ces manifestations “dénoncer (…) la tricherie érigée en système de gouvernement” et “barrer la route à l’escroquerie et à la dictature”, selon un déclaration commune lue à la presse par un porte-parole.

Les autorités ont annoncé mardi que le projet de constitution permettant à M. Sassou de briguer un nouveau mandat en 2016 avait été adopté à 92,26% à l’issue du référendum de dimanche, marqué officiellement par un taux de participation de 72,44%.

Le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), qui avaient appelé à boycotter le vote, ont immédiatement récusé ces chiffres et appelé la population à la “désobéissance civile” pour empêcher la promulgation de la nouvelle constitution.

Journées villes mortes

Dans leur déclaration de mercredi, adressée au “peuple congolais épris de liberté”, les deux plates-formes d’opposition appellent à des “journées villes mortes” tous les lundis, jeudis et vendredis à partir du 2 novembre “jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel”.

Selon les observations de plusieurs journalistes de l’AFP à Brazzaville et Pointe-Noire, la deuxième ville du pays, dans le sud, et les informations récoltées dans plusieurs autres grandes villes dans diverses régions, les électeurs semblent avoir largement boudé les urnes dimanche.

La campagne référendaire a été marquée par l’interdiction des rassemblements publics, l’assignation à résidence de certains dirigeants d’opposition, et des violences meurtrières à Brazzaville et Pointe-Noire qui ont ravivé dans l’opinion le spectre des épisodes de guerre civile ayant déchiré le pays entre 1993 à 2003.

Trente-et-un ans de présidence

Le projet de constitution approuvé par référendum fait sauter les deux verrous interdisant à M. Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat présidentiel en 2016 : la limite d’âge et celle du nombre des mandats. Âgé de 72 ans cette année, M. Sassou Nguesso cumule 31 ans à la tête du Congo, petit pays d’Afrique centrale de 4,4 millions d’habitants.

M. Sassou Nguesso a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues. Revenu au pouvoir par les armes en 1997, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.

(ats / 28.10.2015 21h27)