L’AFP annonce que le ministre centrafricain de l’Elevage et de la Santé animale, Hassan Bouba a été incarcéré. Il est accusé de crimes de guerre et contre l’humanité par la Cour pénale spéciale de ce pays, selon une ordonnance de cette juridiction que l’AFP a pu consulter.

Hassan Bouba, ministre de l’Elevage et de la Santé animale, ancien conseiller spécial de l’actuel président Faustin Archange Touadéra, a été arrêté vendredi matin dans le bureau de son ministère par la police judiciaire, rapporte l’AFP qui cite plusieurs sources anonymes.

L’agence rappelle qu’Hassan Bouba, âgé de 36 ans avait aussi la deuxième personnalité de l’un des plus redoutables groupes armés rebelles, l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), avant de rejoindre le pouvoir en 2017.

L'”ordonnance aux fins d’incarcération” de la Cour Pénale Spéciale (CPS) consultée par l’AFP, pas plus que les sources anonymes, ne précisent quels sont les faits qui valent à Hassan Bouba  ces “inculpations”. Mais, détaille l’AFP, en août dernier, l’ONG américaine The Sentry avait affirmé au terme d’une enquête très détaillée que le chef de l’UPC, Ali Darassa, et son numéro deux de l’époque, Bouba Ali Hassan, étaient directement responsables de l’attaque d’un camp de déplacés en novembre 2018 à Alindao, à quelque 500 km à l’est de Bangui, qui s’était soldée par la mort d’au moins 112 villageois dont 19 enfants. Les accusations retenues sont extrêmement lourdes et le présentent même comme un des auteurs présumés de massacre et tortures : “Crimes de guerre” et “crimes contre l’humanité par meurtres, actes inhumains” et “traitements cruels tels que la torture”, lit l’AFP dans l’ordonnance des juges de la CPS qui l’ont auditionné vendredi et ordonné son “incarcération provisoire” immédiatement après.

La CPS est une juridiction hybride, composée de magistrats centrafricains et internationaux, chargée de juger à Bangui les violations graves des droits humains commises depuis 2003 en Centrafrique. La dernière guerre civile en date a éclaté en 2013 après un coup d’Etat contre le président François Bozizé par une alliance de groupes armés à majorité musulmane, la Séléka, et les représailles lancées par les milices anti-balaka, dominées par des chrétiens et des animistes. Les affrontements sanglants entre les deux camps, dont les civils ont été les principales victimes, ont culminé en 2014 et 2015, et Séléka et anti-balaka ont été accusés par l’ONU de crimes de guerre et contre l’humanité.

Au moment du massacre d’Alindao, détaille l’AFP,  Hassan Bouba, était conseiller spécial du président Touadéra dont le régime intégrait alors progressivement des chefs de groupes armés afin de tenter de les diviser. Il a été nommé ministre en décembre 2020. Hassan Bouba a été exclu en janvier 2021 de l’UPC d’Ali Darassa, un groupe armé issu de l’ex-Séléka. L’UPC était alors membre de la nouvelle coalition rebelle contre M. Touadéra mais l’a quittée quatre mois plus tard, conclut l’AFP.