YAOUNDE, 10 avril (Xinhua) — Après en avoir contesté la composition aussitôt après sa création par une ordonnance du Premier ministre publiée le 6 avril à Bangui, plusieurs organisations de la société civile et de la diaspora centrafricaine annoncent leur refus de participer au Conseil supérieur de transition « dans sa forme actuelle », selon un communiqué publié mercredi dans la capitale du pays.

« Les organisations de la société civile et la diaspora dénoncent et déplorent la stratégie délibérée de cooptation des membres du Conseil supérieur de transition par le gouvernement en dehors des entités connues, en totale contradiction avec le principe de concertation consensuelle et démocratique », souligne le texte transmis à Xinhua.

Signée de plus d’une trentaine d’organisations, la déclaration publiée au terme d’une réunion mercredi à Bangui exige l’abrogation « pure et simple » de l’ordonnance de Nicolas Tiangaye et une « concertation inclusive avec toutes les forces vives de la nation au plus tard le jeudi 11 avril 2013 en présence de la communauté internationale (Nations Unies, Union africaine, Union européenne, CEEAC, CEMAC, France, Etats-Unis..) » pour la recomposition de l’organe de transition.

Le Conseil supérieur de transition a été créé suite aux recommandations d’un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) tenue le 3 avril à N’Djamena au Tchad après la prise de pouvoir de l’alliance rebelle Séléka le 24 mars à Bangui.

Appelé à jouer un rôle d’exécutif, il est chargé de conduire une transition de dix-huit mois, avec à sa tête un président et un vice-président qui devront être désignés. Doté de 97 membres issus de divers segments de la société nationale, il est récusé par la société civile et la diaspora centrafricaines qui l’accusent d’avoir trahi l’esprit des accords de paix de Libreville du 11 janvier.

D’après les deux groupes, seuls doivent en faire partie la Séléka, l’ex-majorité présidentielle, l’opposition démocratique, les groupes politico-militaires non combattants, la société civile, les confessions religieuses, le patronat.

Dans un précédent communiqué, les représentants de la société civile exigeaient 50 postes sur les 97 à pourvoir et la présidence du conseil.

Les mêmes revendications sont exprimées par la « plateforme religieuse de Centrafrique » qui, dans sa déclaration du 8 avril, a quant à elle réclamé neuf sièges au lieu des trois attribués aux confessions religieuses dans la configuration actuelle du CST.

« Nous nous réservons le droit de ne pas participer au processus de transition au cas où cette revendication n’est pas prise en compte », a aussi averti l’organisation religieuse.

Ces prises de position viennent accentuer un climat politique lourd caractérisé par la poursuite des pillages à Bangui et d’autres villes de la République centrafricaine (RCA), plus de deux semaines après la prise de pouvoir de Michel Djotodia.