Comme ils l’avaient fait le 16 janvier, les députés ont affirmé unanimement, mercredi, leur soutien à l’intervention française au Mali (lire ci-dessous). A Yamoussoukro, capitale administrative de la Côte-d’Ivoire, le Tchad a affiché son impatience de voir les troupes ouest-africaines et maliennes se déployer dans le nord du Mali.

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Dans le cadre d’un sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président tchadien Idriss Deby Itno a parlé sans ambages. «L’heure n’est plus aux discours (…) mais plutôt à l’action», «l’ennemi n’attend pas», a-t-il exhorté à l’ouverture de la réunion, devant la plupart des présidents de la région.

Le Tchad a déployé «au-delà de 2 000» hommes au Mali et déplore dans les rangs de son armée «27 morts et 50 blessés», principalement lors de violents combats le 22 février, soit le plus lourd tribut payé par les troupes alliées à Bamako. Ses soldats sont en première ligne aux côtés de l’armée française dans le massif des Ifoghas, dans l’extrême nord du pays, près de la frontière algérienne. «Nous appelons l’état-major de la Cédéao à plus de célérité en accélérant l’envoi des troupes dans la zone libérée», a poursuivi Idriss Deby Itno.

L’essentiel des troupes de la Misma n’est pas encore engagé dans les combats

Le déploiement de la force de la Cédéao, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), à laquelle n’appartient pas le Tchad, est jugé lent. Si le président de la Cédéao, l’Ivoirien Alassane Ouattara, assure que la région a déjà envoyé au Mali les trois quarts de l’effectif escompté de «8 000 hommes», l’essentiel de ces troupes n’est pas engagé dans les combats. Selon lui, la concrétisation de ces promesses de fonds faites lors d’une conférence des donateurs fin janvier constitue une priorité. La communauté internationale s’était engagée sur plus de 338 millions d’euros. Les besoins globaux se montent, selon Ouattara, à 715 millions d’euros.

L’enjeu est de taille, au moment où le conflit change de nature avec des accrochages violents et une série d’attentats-suicides, dont le dernier a fait entre quatre et sept morts mardi à Kidal, où sont présents soldats français et tchadiens.

Les armées africaines sont censées prendre à terme le relais de la France mais, pour de nombreux observateurs, les troupes maliennes et la Misma ne sont pas en mesure de contrôler à elles seules l’immense moitié nord du Mali, que les islamistes avaient prise l’an dernier. La France, qui a engagé 4 000 hommes et évoqué un début de retrait à partir de mars, a dû faire preuve de prudence, assurant mardi ne pas vouloir «partir de manière précipitée».

Quant aux Casques bleus, qui prendront la relève de la Misma, on ignore encore la date de leur arrivée : cela dépendra des conditions de sécurité. Mais le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé au secrétariat général de l’ONU Ban Ki-moon de présenter un rapport avant fin mars sur la faisabilité d’une opération de maintien de la paix au Mali, a annoncé mercredi l’ambassadeur français à l’ONU. Une fois le rapport des Nations-Unies présenté et sur sa base, il faudra encore, avant de déployer les Casques bleus, une résolution du Conseil de sécurité et une «demande officielle des autorités maliennes».

En France, le consensus résiste à l’intervention au Mali

Un mois et demi après le début de l’opération contre les islamistes armés, le consensus politique résiste. Pour la majorité comme pour l’opposition, l’important est de stabiliser le pays. «L’engagement de la communauté internationale était nécessaire pour gagner ce combat contre les groupes terroristes», a affirmé mercredi à l’Assemblée nationale le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, lors du débat sur la reconstruction et le développement du Mali après les opérations militaires.

Cet engagement «sera tout aussi déterminant pour la phase de stabilisation qui va s’ouvrir et que nous préparons déjà», a poursuivi le chef du gouvernement, qui a appelé la communauté internationale à se mobiliser. Il a affirmé que «tout sera fait» pour obtenir la libération des sept otages français enlevés le 18 février au Cameroun par le groupe nigérian Boko Haram, ainsi que des autres Français otages au Sahel.

Evoquant le dialogue entre les forces politiques maliennes qui se met en place, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a notamment souligné «que le drapeau malien doit pouvoir flotter partout», excluant ainsi tout mouvement séparatiste, notamment parmi la minorité touareg. Il juge comme une «nécessité absolue» que les élections présidentielle et législatives puissent se tenir en juillet, comme annoncé.

L’UMP Bernard Deflesselles s’est inquiété de «l’isolement de la France» dans cette opération, tout en renouvelant le «soutien sans faille» de son groupe. Et pour le socialiste Pouria Amirshahi, la France «doit maintenant prendre la tête d’une coalition internationale pour la reconstruction» du Mali.

Source : Le Parisien