DAKAR, 17 juin (XINHUA) — Le renforcement de la lutte contre le terrorisme et contre les narcotrafiquants sera un des enjeux stratégiques de la visite du président américain Barak Obama au Sénégal, à partir du 26 juin, selon des spécialistes.

Pour ces spécialistes (politistes, consultants et économistes) en conférence sur le thème : “Les Etats-Unis en Afrique de l’Ouest : quelle lecture géopolitique”, il n’y a pas de doute : la lutte contre le terrorisme et les narcotrafiquants est au centre des préoccupations des USA.

Ainsi en plus de saluer la vitalité de la démocratie sénégalaise, sa tolérance religieuse, l’administration Obama chercherait, à travers cette visite, “une collaboration de l’Etat sénégalais pour contrer les terroristes et les narcotrafiquants”, estime le politiste Abdou Khadre Lô.

Ibrahima Silla, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université de Saint-Louis, est du même avis. La politique étrangère des USA obéit à une vision. Elle est passée de la diplomatie classique fondée sur “l’équilibre de la terreur, à une diplomatie qui promeut les principes moraux des USA : démocratie, droit de l’homme etc”, soutient-il. Et, poursuit M. Silla, “la deuxième option, de cette politique étrangère est la prise en compte de l’aspect sécuritaire qui intègre désormais les zones beaucoup plus éloignées d’où peut venir la menace”.

Conséquence, l’intérêt des USA pour l’Afrique de l’Ouest s’ explique par sa politique de “guerre préventive”. D’où la place importante que l’Amérique donne aux renseignements. Ce, pour ” décrypter la complexité du monde, la menace pouvant venir de très loin”, informent les spécialistes. Pour M. Silla, “on a parfois le sentiment que l’Amérique est absente de l’Afrique, que sa présence se limite à ses ambassades et consulats. Mais, prévient le chercheur, l’Amérique est bien là. C’est seulement parce qu’elle a opté pour une diplomatie de la discrétion et de l’efficacité, en mettant l’accent sur la surveillance”. D’ailleurs, informe Ibrahima Silla, “les USA surveillent l’Afrique comme elle ne l’a jamais été”.

Mais en plus de l’enjeu sécuritaire, l’intérêt des USA pour l’ Afrique est également d’ordre économique.

“L’Afrique constitue un nouvel espace de confrontation pour le contrôle et l’importation de ses richesses. Et l’autre enjeu, c’ est ce que les USA peuvent avoir en Afrique pour satisfaire ses besoins en pétrole”, indique Abdoulaye Seck, économiste à l’UCAD.

Par exemple, “sur le plan commercial, l’AGOA (accord pour l’ accès de produits africains au marché américain sans droits de douane) couvre 4.600 produits. Mais ces produits ont été choisis selon les intérêts américains. Et les plus grands bénéficiaires de l’AGOA sont les pays pétroliers : Nigéria, Angola etc. Car 90% des exportations de l’Afrique vers les USA, c’est le pétrole”, fait remarquer l’universitaire.