Les pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont en passe de conclure des accords d’aide avec le Fonds monétaire international (FMI), une perspective favorable pour espérer enrayer la crise économique qui frappe la région, annonce le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

“Aujourd’ hui, je peux dire que tous les pays ont renoué avec le FMI et les discussions sont très avancées. D’ici fin juin-juillet, les programmes seront approuvés par le conseil (d’administration) du FMI”, a révélé Abbas Mahamat Tolli lors d’un échange avec la presse lundi à Yaoundé.

Ces discussions font suite aux résolutions prises lors d’un sommet extraordinaire de la CEMAC tenu fin 2016 à Yaoundé, qui avait approuvé la décision de mettre en œuvre par chacun des six pays membres de cette organisation régionale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Tchad) un programme d’ajustement structurel, avec l’aide du FMI.

C’est une décision visant à enrayer une grave crise économique qui frappe de plein fouet cette région, marquée par une aggravation des déficits budgétaires et des comptes courants des pays à cause de la baisse continue des cours du pétrole, ressource dont sont tributaires la quasi-totalité des économies nationales et en conséquence vulnérables aux chocs.

Une fois conclus, les accords d’aide avec le FMI devront permettre à ces pays de bénéficier de  “financements extérieurs qui viendraient à la fois soutenir la position extérieure de notre monnaie mais soutenir aussi les déficits budgétaires, de façon à avoir une conjoncture économique qui soit plus agréable”, explique le gouverneur de la BEAC.

“Avec les projections que nous avons pour l’année 2017, on a espoir que la situation s’améliorera”, précise-t-il. La banque centrale a fait état récemment d’une progression de la croissance de 1,6% au cours de cette année, confirmant une reprise timide de l’activité annoncée au premier trimestre, contre 0,2% en 2016.

La perspective de ces accords n’a cependant pas été accueillie avec enthousiasme dans ces pays. Ils avaient déjà conclu avec le FMI une première fois dans les années 1980 des programmes d’ajustement structurel par lesquels ils s’étaient vu imposer de sévères cures d’austérité vécues comme une pilule amère.

Licenciements massifs de travailleurs du secteur public, privatisation d’un grand nombre d’entreprises publiques et gel des investissements dans les secteurs sociaux et productifs sont autant de contraintes auxquelles ces pays avaient été soumis par l’institution financière internationale.

Cette fois-ci, les autorités nationales des différents pays rassurent, affirmant que contrairement aux précédents, les futurs programmes en discussion depuis le début de l’année vont veiller à préserver les investissements dans les secteurs sociaux, afin de garantir les progrès dans les efforts de développement.

“Tous les pays ont fait le choix de préserver les investissements utiles, surtout dans les secteurs sociaux. C’est une dimension qui est prise en compte dans le cadre des négociations en cours”, a confirmé M. Mahamat Tolli en conférence de presse, à l’issue d’une session extraordinaire du comité de politique monétaire de la BEAC lundi à Yaoundé, où se trouve le siège de cette institution.