Quand la pandémie de COVID-19 est arrivée au Cameroun l’année dernière, Euloge Yiagnigni Mfopou faisait le rêve récurrent de soigner les patients atteints de cette maladie avec la médecine traditionnelle.

Quelques jours après, son collègue a été infecté par la COVID-19. “Il était en train de partir sous nos yeux”, s’est rappelé le cardiologue et chercheur de 51 ans.

M. Mfopou a pensé à son rêve et s’est mis à la recherche d’une solution à base de plantes pour guérir son collègue. Plus tard, il a eu l’idée d’utiliser du thym car cette plante contient des molécules et des antirétroviraux qui modèrent le système immunitaire.

Le médecin, disposant déjà de deux brevets d’invention, a extrait les feuilles et les branches de la plante, les a séchées pour tuer les bactéries puis les a traitées mécaniquement pour obtenir une poudre concentrée.

Il a ensuite administré la solution à son collègue par voie orale sous forme de thé avec des antibiotiques en complément.

Trois jours après, il s’était remis. Il a demandé à manger, la fièvre avait chuté, la toux avait baissé“, a expliqué M. Mfopou à Xinhua dans son centre médical de la capitale Yaoundé, où les patients viennent consulter et prendre le traitement.

M. Mfopou a nommé le médicament Corocur, ce qui signifie remède contre les coronavirus.

En mai, la Commission nationale du médicament, qui est chargée d’examiner les demandes d’approbation de produits pharmaceutiques au Cameroun, a testé et déclaré le Corocur apte à être utilisé pour combattre la pandémie, qui a jusqu’à présent fait plus de 1.350 morts et quelque 84.210 infections dans ce pays d’Afrique centrale. Le produit sera utilisé pendant une période de trois ans, selon le ministère de la Santé publique.

Le Corocur fait partie des quatre médicaments traditionnels approuvés par le gouvernement camerounais et figure déjà sur la liste nationale des médicaments essentiels et vendus en magasins pour traiter le coronavirus.

Le Cameroun veut promouvoir l’utilisation de la médecine traditionnelle, qui a longtemps joué un rôle pour les communautés autochtones dans tout le pays. Ses scientifiques testent minutieusement les méthodes des guérisseurs et leur donnent un sceau d’approbation, a fait remarquer Salihou Sadou, directeur de la pharmacie, de la médecine et des laboratoires au ministère de la Santé publique.

D’après lui, la combinaison de la phytothérapie et de la médecine conventionnelle a aidé le pays à faire face à la pandémie.

Pour M. Mfopou, le Corocur est un rêve devenu réalité, mais il espère enrichir ses recherches pour faire plus de découvertes dans le domaine médical.