ABIDJAN, 23 juillet (Xinhua) — La Banque mondiale appelle à une amélioration de la “gouvernance des terres”en Afrique pour révolutionner la production agricole et éradiquer la pauvreté dans le continent.

Commentant un rapport de son institution sur la gouvernance foncière intitulé “Securing Africa’s land for shared prosperity”, le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop, a relevé mardi une “intensification des efforts concertés des pays africains et des partenaires au développement, visant à réformer la politique foncière et à mettre à l’essai des approches novatrices en matière d’amélioration de la gouvernance des terres”.

Selon lui, “la mauvaise gouvernance des terres pose un problème de taille, qui n’est toutefois pas insurmontable”.

Makhtar Diop a évoqué, à ce propos, les efforts de pays qui ont soit mis en place une “législation adéquate”, soit pris des ” initiatives” pour faire face au problème des droits sur les terres communales et d’égalité des sexes, qu’il considère comme “le fondement d’une administration foncière saine”.

“De nombreux pays dans le monde ont été confrontés au défi de la privatisation des terres et de l’inégalité de la propriété foncière”, a-t-il indiqué. La Banque mondiale estime que l’Afrique compte 202 millions d’ hectares soit la moitié de la totalité des terres fertiles utilisables non cultivées du monde, alors que la productivité agricole est extrêmement basse, à savoir 25 % seulement du potentiel. Pour M. Diop, le “nouveau rapport de la Banque mondiale vient à point nommé” et “laisse supposer que la mauvaise gouvernance des terres, système qui régit les droits fonciers, pourrait être la cause principale de ce grave problème”.

Le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’ Afrique estime que les pays africains, dans leur “vaste majorité”, utilisent les systèmes d’administration foncière dont ils ont hérité à l’indépendance, ainsi que des “techniques d’arpentage et de cartographie qui sont désuètes”.

D’où, selon lui, les chiffres qui révèlent que 10% seulement des terres rurales en Afrique sont enregistrés.

“Les 90% restants sont sans titre et administrés de manière informelle, et peuvent ainsi faire l’objet d’accaparement, d’ expropriation sans compensation équitable et de corruption”, soutient Makhtar Diop.

Le “nouveau rapport” préconise une série de 10 mesures qui consistent, entre autres, à améliorer la sécurité des droits fonciers sur les terres individuelles et communales, renforcer l’ accès à la terre et les droits fonciers des familles pauvres et vulnérables, régler les différends fonciers, mieux gérer les terres publiques et renforcer l’efficacité et la transparence des services d’administration foncière.

“Nous devons répondre aux recommandations de ce rapport avec la volonté politique et le leadership nécessaires pour transformer l’agriculture en Afrique et les perspectives de développement du continent”, a recommandé Makhtar Diop.

Il assure que la flambée des prix des denrées de base et l’ accroissement de l’investissement direct étranger ont augmenté le rendement potentiel de l’investissement dans l’administration foncière.

“L’occasion de mettre un terme aux difficultés que l’Afrique rencontre depuis longtemps en matière de propriété et de productivité des terres n’a jamais été aussi bonne, il faut agir maintenant”, a-t-il préconisé.