ABIDJAN, 14 octobre (Xinhua) — La Fondation Mo Ibrahim a publié lundi son indice annuel sur la gouvernance en Afrique qui révèle des “progrès” mais également des “écarts de plus en importants” entre les pays africains et appelle à une analyse ” afro-réaliste” du continent.

L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est une analyse des performances en termes de sécurité, souveraineté et droit, participation et droits de l’homme, développement économique durable et développement humain, qui conclut pour l’année 2013 que “l’Afrique progresse mais les écarts sont de plus en plus importants”.

Selon l’IIAG 2013, le niveau moyen de gouvernance qui prend en compte 52 pays sur le continent est de 51,6 sur 100 points.

De fait, les pays dont la qualité de la gouvernance s’est améliorée depuis 2000 représentent aujourd’hui 94 % de la population du continent.

Maurice arrive en tête avec un score de 82,9 tandis que la Somalie, dernière, affiche un score de 8,0 soulignant l’écart entre les pays.

Pour les meilleures performances, Maurice est suivi du Botswana (77,6), du Cap-Vert (76,7), des Seychelles (75,0) et de l’Afrique du Sud (71,3).

Après la Somalie, les pires scores viennent de la RD Congo ( 31,3), de l’Erythrée (31,9), de la République Centrafricaine (32,7) et du Zimbabwé (33,4).

L’Afrique de l’Ouest enregistre une moyenne globale de 52,5 points avec en tête le Cap-Vert suivi du Ghana (7ème au classement général avec 66,8 points), du Sénégal (10ème), de Sao Tomé et Principe (11ème) et du Bénin (13ème).

Les mauvais scores sont détenus par la Guinée-Bissau (46ème avec 37,1), la Côte d’Ivoire (44ème avec 40,9), la Guinée (42ème avec 43,2), le Nigeria (41ème avec 43,4) et le Togo (36ème avec 45, 8).

Selon la Fondation Mo Ibrahim, entre 2000 et 2012, l’écart s’est creusé entre pays les plus performants et pays affichant les résultats les plus faibles, tant en termes de niveau global de gouvernance qu’au niveau des différentes catégories.

Depuis 2000, les améliorations les plus significatives ont été observées dans les domaines du développement économique durable et du développement humain.

En revanche, dans le domaine de la sécurité, de la souveraineté et du droit les scores déclinent “de manière préoccupante d’année en année depuis 2010”.

Pour le président du Comité du Prix Ibrahim, Salim Ahmed Salim, “l’écart qui s’accroit entre les résultats de gouvernance, notamment au sein de certaines sous-régions, souligne l’enjeu du renforcement de la cohésion et de la solidarité au sein même du continent, une condition cruciale de son unité”.

“Ni l’afro-pessimisme ni l’afro-optimisme ne rendent justice à l’Afrique d’aujourd’hui”, a déclaré pour sa part, Mo Ibrahim, indiquant qu’il est temps de “faire place à l’afro-réalisme et de faire preuve de lucidité sur notre continent”.

Par ailleurs, le Prix Mo Ibrahim, censé récompenser l’excellence d’un ancien dirigeant africain en matière de gouvernance, n’a pas été décerné.

Le prix, d’une valeur de 5 millions de dollars, est supposé récompenser chaque année un chef d’Etat africain ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans son pays, et transféré démocratiquement son pouvoir à un successeur.

Comme en 2009, 2010 et 2012, les membres du jury ont estimé qu’aucun ancien président africain ne remplissait les critères d'” excellence” requis en matière de gouvernance et de démocratie.

Le Prix a été déjà décerné à l’ex-président sud-africain Nelson Mandela, au Cap-Verdien Pedro Pires (2011), au Botswanais Festus Gontebanye Mogae et au Mozambicain Joachim Chissano (2007).

Mohamed “Mo” Ibrahim, né en 1946, est un milliardaire anglo- soudanais.

Il a créé sa Fondation Mo Ibrahim en 2006 pour inciter à une meilleure gouvernance en Afrique.