Le 21 juin, des agents de l’Unité de police anti-criminalité de la Gambie ont arrêté Ebou Ndye Keita. monteur et opérateur de caméra du diffuseur privé Gambian Talent Television. Il est accusé d’avoir photographié des policiers arrêtant des personnes protestant contre les mesures de restrictions à la Covid-19 en Gambie.

Keita a déclaré via une application de messagerie au Comité pour la Protection des Journalistes CPJ), qu’il se rendait à son travail à Kombo Central, un district de l’ouest du pays, quand il a vu la police arrêter des chauffeurs. Ces derniers protestaient contre les restrictions de leur travail dans le cadre de la lutte contre la pandémie à coronavirus. Il a dit avoir pris des photos et des vidéos des arrestations parce qu’il pensait que ce serait une bonne nouvelle.

Un policier a demandé à Keita de cesser de filmer et de quitter la zone. Alors qu’il partait, un autre officier l’a arrêté, a pris son téléphone, lui a attaché les mains avec un cordon élastique et l’a emmené au poste de police d’Abuko, une ville voisine, a-t-il rapporté.

Keita a déclaré au CPJ que ses mains avaient été meurtries par l’élastique. Mais, a-t-il ajouté, la douleur s’est depuis apaisée. Les policiers ont également pris la carte d’identité de Keita et l’ont jetée sur son visage, a expliqué Pa Ousman Joof, fondateur de Gambian Talent Television, au CPJ, lui aussi via la même application de messagerie.

Après plusieurs heures de détention, les policiers ont rendu le téléphone de Keita. Il a alors appelé ses collègues à l’aide. Fatou Samba, directrice nationale de Gambia Talent Television, est rapidement arrivée à la station avec une autre journaliste, Isatou Jallow, pour aider à obtenir la libération de Keita et à rendre compte de son arrestation, a déclaré Joof au CPJ.

Après l’arrivée de ses collègues, la police a empêché Jallow de filmer Keita, puis a transféré le journaliste dans un autre poste de police à Bundung, une zone située à l’extérieur de la capitale de la Gambie, Banjul. De la nouvelle prison, Joof a expliqué que Keita a de nouveau été transféré dans un poste de la région voisine de Sukuta.

Keita lui-même a déclaré au CPJ que les policiers l’avaient menacé de l’accuser de perturbation des fonctions policières. Ce qui compliquerait son sort auprès de la justice. C’est l’intervention de Saikou Jammeh, secrétaire de l’Union de la Presse de la Gambie qui a permis de faire comprendre qu’un journaliste non armé ne pouvait pas entraver les policiers armés.

Après six heures de détention, Keita a été libéré par la police sans inculpation. Selon le fondateur de Gambia Talent Television, Joof, la diffusion en direct de Gambia Talent Television sur Facebook au sujet de la situation de Keita, a incité les policiers à libérer le journaliste.

Contacté par le CPJ via la messagerie, le porte-parole de la police gambienne, Lamin Njie, a déclaré qu’il n’était pas au courant de l’arrestation et qu’il examinerait la question.