(Xinhua) — Le Fonds mondial pour la nature (WWF) lance lundi prochain à Libreville une campagne internationale contre le braconnage des éléphants, un phénomène qui s’aggrave en Afrique centrale où près de la moitié des éléphants des forêts a été décimée en une décennie, a annoncé, lors d’une interview accordée à Xinhua mercredi à Libreville, Pauwel de Wachter, coordonnateur des parcs nationales du Tridom (Dja au Congo, Minkebé au Gabon et Odzala au Congo).

“La campagne doit durer un an et demie mais il faut qu’elle dure jusqu’à ce que la bataille soit gagnée”, a martelé M. De Wachter.

Selon lui, la situation est très grave. En Centrafrique, il y avait 80 000 éléphants au début des années 80. Il ne reste plus que quelques milliers maintenant. C’est le cas aussi en République démocratique du Congo où il y avait des centaines des milliers d’éléphants. Il ne reste plus que quelques poches.

“On estime que 80 à 90% des éléphants de la RD Congo ont disparu ces 20 ou 25 dernières années”, a-t-il précisé.

M. Wachter a affirmé qu’au Congo Brazzaville, on estime que 50% des éléphants ont disparu ces 10 dernières années. Le grand braconnage touche également le Gabon particulièrement le grand nord”.

Le phénomène s’est accentué suite au prix très élevé de l’ivoire. “Les braconniers utilisent des armes sophistiques. Le braconnage devient industriel. Il n’y a plus une forêt où il n’y a pas de braconniers. Ils sont partout. Nous sommes entrain de perdre la bataille”, s’est-il inquiété.

La campagne du WWF sera tout azimut, selon M. Wachter.

“Dans le passé, on a beaucoup discuté du braconnage avec l’administration. On a pas beaucoup parlé du phénomène avec les paysans, les forestiers, et la communauté internationale”, a-t-il reconnu, en ajoutant qu’il faut partir partout. Il faut des patrouilles régulières dans les derniers bastions d’éléphants. Empêcher les braconniers d’entrer. Il faut démanteler les réseaux d’ivoire parce qu’ils très forts dans la sous région. Ce sont des réseaux transnationaux qui ont pour l’instant ont été très peu touchés”.

“Il faut que les sanctions pour le trafic d’ivoire soient lourdes. Impliquer les religieux parce que les plus grands trafiquants en Afrique centrale sont d’obédience musulmane”, a-t-il souhaité.

L’idée de cette campagne est arrivée au moment où le gouvernement gabonais a annoncé, dans un communiqué, que 11 000 éléphants ont été abattus entre 2004 et 2012 dans le parc national de Minkebé considéré comme le plus grand sanctuaire des éléphants de forêts dans le monde.