Pour arriver à bout des groupes armés et terroristes, les cinq pays membres du G5 Sahel ont besoin de l’aide de la communauté internationale. Bien que l’organisation reçoit de l’aide de la France et des États-Unis, cette assistance reste insuffisante.

N’Djaména accueille, ces 15 et 16 février, le sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel et de la France. Le président tchadien, Idriss Déby Itno, accueille ses homologues burkinabé, mauritanien, malien, nigérien et français pour faire le point sur la situation sécuritaire dans la bande sahélienne, un an après le sommet de Pau en France, tenu le 13 janvier 2020.

Le président français Emmanuel Macron l’a annoncé le 5 février, lors d’une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel: le sommet de N’Djaména permettra de faire «le bilan d’étape sur nos avancées et victoires sur le terrorisme, particulièrement dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger, Ndlr)» et de «discuter du retour de l’État et des services publics dans les zones libérées du terrorisme». L’objet du sommet est «d’amplifier la dynamique» du sommet de Pau de janvier 2020 qui a permis «un clair renversement du rapport de force» dans cette zone des trois frontières où le Tchad a envoyé un second bataillon.

Vers un réajustement de Barkhane

Il sera également question en outre pour la France de faire des rajustements aux dispositifs de lutte contre les djihadistes. Le dispositif Barkhane mobilise à ce jour plus de 5.000 militaires ; mais face à la montée des voix hostiles dans les pays du Sahel, cette présence pourrait être réduite. Une réflexion est en cours à ce sujet, a rappelé la présidence française.

Mais le président Macron ne viendra pas à N’Djaména. Il échangera par visioconférence avec ses homologues du Sahel qu’il avait tous reçus en tête-à-tête à l’Elysée ces dernières semaines, selon la présidence française.

L’Allemagne, absente à Pau (France), sera aussi présente dans la capitale tchadienne par son chef de la diplomatie. L’Allemagne qui a salué l’engagement de la France au Sahel et le «travail très important» réalisé, veut être plus présente dans la région.

Au sommet du G7 consacré à l’Afrique, le 25 août 2020 à Biarritz, Merkel et Macron ont appelé à «élargir» à d’autres pays et à «renforcer» financièrement la coalition internationale aidant les pays du Sahel à lutter contre les groupes djihadistes. Ils ont exprimé la nécessité de «changer d’échelle et de méthode» (Macron), car «la situation ne cesse de se détériorer» dans la bande sahélienne (Merkel).

Un «signal important» des Américains

Le nouveau Secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, livrera aussi un message vidéo aux dirigeants du Sahel. Une intervention que Paris qualifie déjà de « signal important ».

Pour Paris et le G5 Sahel, il est temps que les alliés européens et les Américains s’impliquent davantage dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le G5 Sahel bénéficie essentiellement de l’appui de la France, avec les 4.500 soldats de l’opération Barkhane. La France fournit également véhicules, matériel, conseil et formation aux armées des cinq pays sahéliens.

Près de 1.500 militaires allemands sont dans des missions de formation et d’appui à la Minusma, la force de l’ONU au Mali.

Les États-Unis, eux, fournissent de précieuses capacités de renseignement et de surveillance, du ravitaillement en vol et du transport logistique. Le 3 juillet 2020, l’ambassade américaine à N’Djaména a fourni des matériels d’une valeur de 8,5 millions de dollars au Tchad pour le soutenir dans ses efforts de lutte contre le terrorisme dans le Sahel.

Une résolution de 2017 de l’Onu prévoit que la Minusma (qui compte environ 13.000 Casques bleus) apporte un soutien opérationnel et logistique à la force conjointe du G5 Sahel.

A N’Djaména, le Maréchal du Tchad et ses hôtes du Sahel ne manqueront pas de réitérer leur appel à la solidarité internationale pour arrêter l’expansion du terrorisme au Sahel. Le G5 Sahel, seul, ne peut contenir cette menace qui fait tous les jours des victimes.