N’DJAMENA, 20 novembre (Xinhua) — Réunis vendredi dans la capitale tchadienne, les dirigeants des cinq pays du Sahel (G5 Sahel) ont insufflé une nouvelle dynamique à l’institution créée l’année dernière, et se sont penchés sur les questions de terrorisme, jeunesse et développement.

Créé le 16 février 2014 à Nouakchott (Mauritanie), le G5 Sahel (comprenant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad) se veut un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de développement et de sécurité.

“Les travaux du deuxième sommet marquent, j’en suis convaincu, un tournant décisif dans l’évolution de notre jeune organisation”, a déclaré le président Déby Itno, hôte du sommet du sommet de N’Djaména.

“De l’impératif de mutualisation rapide de nos moyens pour faire face aux menaces terroristes, à la nécessaire création des conditions d’emplois en faveur des jeunes, rien n’a été laissé au hasard”, a précisé le nouveau président en exercice du G5 Sahel. Il a même invité ses hôtes à “réfléchir sur la possibilité, à terme, de faire [du G5 Sahel] un instrument d’intégration sous-régionale”.

Dans la capitale tchadienne, le président Déby Itno et ses homologues burkinabé Michel Kafando, malien Ibrahim Boubakar Keita, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et nigérien Mohamadou Issoufou ont exprimé leur condamnation énergique de la prise d’otages perpétrée ce jour à l’hôtel Radisson à Bamako au Mali, et tous les actes terroristes perpétrés à travers le monde et particulièrement ceux de la secte Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.

“Au moment où notre institution grandit dans un contexte où nombre de nos Etats amorcent leur développement, le péril terroriste, malheureusement, prend une ampleur inquiétante, obligeant chacun à reléguer au second plan toutes les autres priorités”, a indiqué le chef de l’Etat tchadien.

Alors que le sommet de N’Djaména n’a même pas débuté, une prise d’otages à l’hôtel Radisson Blu est venu rappeler le Sahel à ses vieux démons. Le président malien Ibrahim Boubakar Keita a dû écourter sa présence au sommet pour regagner son pays.

Au cours de leur ‘éunion à huis clos, les présidents tchadien, mauritanien, nigérien et burkinabé se sont engagés à plus de solidarité, de cohésion et à une mutualisation des efforts dans l’action à tous les niveaux pour avoir une position commune sur les questions majeures engageant, comme l’indique le communiqué final.

Parmi les grandes décisions prises à N’Djaména, figurent la création d’une école régionale de guerre du G5 Sahel en Mauritanie, qui entrera en fonction dès 2016; la création d’une force conjointe; la création d’une compagnie aérienne régionale pour améliorer les dessertes entre les pays sahéliens; ainsi que la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger au Tchad. Les pays membres du GS Sahel ont également adopté le principe de la suppression des visas entre eux, sous réserve de la prise de dispositions sécuritaires appropriées. Autre mesure approuvée par les chefs d’Etat du Sahel: la fixation de la durée des mandats de la présidence en exercice à deux ans. Le président tchadien Idriss Déby Itno, qui succède à son homologue mauritanien, a promis de consolider les acquis en matière de défense et de sécurité, mais aussi à promouvoir les actions de développement à l’endroit principalement des jeunes et des femmes, dans un espace sahélien progressivement sécurisé.

Les chefs d’Etats du Sahel ont, par ailleurs, instruit leurs ministres respectifs à prendre les dispositions pour la finalisation de la Stratégie de développement et de sécurité (SOS) et l’actualisation du Programme d’investissements prioritaires (PIP) en vue de leur adoption au cours du premier trimestre 2016; de formuler en urgence des projets structurants dans les secteurs des infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques et de l’agriculture; et d’organiser dans les meilleurs délais une table ronde des bailleurs de fonds en vue du financement du Programme d’Investissements prioritaires (PIP).

A N’Djaména, les dirigeants du Sahel se sont longuement appesanti sur le sort des jeunes qui, faute d’emplois, sont devenus des proies faciles des groupes terroristes ou des candidats à l’immigration clandestine. “Il est de notre devoir de les fixer et de les orienter vers des activités génératrices de revenus à même de leur permettre de se prendre en charge; il en est de même pour les femmes, c’est la seule voie du salut”, a martelé le président Déby Itno. Il a exhorté les partenaires techniques et financiers à les soutenir dans cette démarche.

“Conscients que le G5 Sahel constitue un espace d’origine et de transit des migrants, conscients qu’il ne saurait y avoir de développement et de sécurité sans une jeunesse saine, éduquée et épanouie à même de contribuer pleinement à l’effort et au progrès national, [les chefs d’Etat sahéliens] se sont engagés à s’investir pleinement pour le bien-être des jeunes”, conclut le communiqué final.