PARIS, 6 octobre (Xinhua) — L’Afrique, où se concentre la plus grande partie des jeunes au monde aujourd’hui, a besoin d’une “stratégie industrielle” pour résorber la demande d’emplois de ces jeunes, a déclaré Mario Pezzini, directeur du centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à la veille de l’ouverture lundi à Paris d’un forum international consacré à l’Afrique.

“Il faut une série d’actions” que l’on appelle une “stratégie industrielle” ou “politique industrielle”, et les Etats africains doivent se doter d’une telle stratégie, a affirmé M. Pezzini, dans une interview accordée à Xinhua (Agence Chine nouvelle).

Une forte croissance, un doublement d’investissements étrangers ou un recours aux économies endogènes et nationales ne suffisent pas pour répondre aux tensions entre la demande d’emplois des jeunes et l’offre sur le continent, a observé M. Pezzini.

L’Union africaine (UA) “parle de plus en plus du besoin de faire des politiques industrielles pour renforcer le tissu économique des pays africains”, a-t-il fait remarquer.

En janvier 2008, l’assemblée de l’UA avait adopté le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique.

A ce jour, l’Afrique compte 200 millions de jeunes et en comptera 400 millions en 2040. “Il y a une entrée dans le marché du travail et dans la société d’une masse énorme de jeunes”, a-t-il précisé.

Il s’agit d’un “avantage” et d’une “extraordinaire opportunité” pour l’Afrique, mais aussi d’un “problème spécifique”, a souligné M. Pezzini.

“Cet avantage démographique dans l’Asie du Eud-Est a été une opportunité qui a été exploité, surtout grâce à une capacité de production manufacturière et donc d’utilisation de ces ressources jeunes dans l’économie”, a-t-il rappelé.

“En Afrique, est-ce qu’il y a avec ces taux de croissance la possibilité d’absorber ces jeunes qui entrent sur le marché du travail? Là, c’est plus compliqué”, a dit M. Pezzini.

Malgré des turbulences de l’économie mondiale, les perspectives économiques à moyen terme pour l’Afrique continuent d’être favorable, avec une croissance de 4,8% prévue en 2013 et jusqu’à 5,3% en 2014, selon les prévisions de l’OCDE, publiées en mai dernier.

“L’économie (qui) va bien est une condition nécessaire, mais elle n’est pas suffisante”, a souligné cet expert de l’OCDE sur le développement.

Pour générer des possibilités d’emploi durable et créer de la richesse, a-t-il noté, les pays africains doivent mettre l’accent sur la valorisation de leurs ressources naturelles, tout en se concentrant sur les secteurs prometteurs et en mettant en place les conditions favorables à la diversification et modernisation.

Selon M. Pezzini, l’Afrique a beaucoup de ressources naturelles, mais ce continent en explore et produit moins que les autres, alors que beaucoup de grands producteurs ont diversifié la production de ressources naturelles et fait baisser la spécialisation de leur économie.

Cette diversification “demande des politiques industrielles et effectivement on entend de plus en plus l’UA parler du besoin de mettre en place des politiques industrielles”, a souligné M. Pezzini.

Le Forum économique international de l’OCDE sur l’Afrique doit se tenir lundi à Paris. Il aura pour thèse “Tirer parti des ressources naturelles pour la transformation économique”.

Par Ming LI et Hydayet SAADA