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Les forums économiques internationaux sont des hauts lieux de réflexions, d’analyses et de prospectives sur les grandes tendances de l’économie mondialisée. C’est le cadre de rencontre par excellence des acteurs du marché d’une part et des techniciens et théoriciens de l’économie d’autre part. Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso qui a mis les petits plats dans les grands s’est offert, à coups de milliards de francs CFA, le forum « Forbes Afrique » à l’image du forum de Davos à la renommée internationale.

Davos

Le Forum de Davos a été créé en 1971 par Klaus M. Schwab, professeur d’économie en Suisse. Il est connu pour sa réunion annuelle qui réunit des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète, y compris dans les domaines de la santé et de l’environnement. Le forum organise également la « Réunion annuelle des nouveaux champions » en Chine et plusieurs réunions régionales qui se tiennent tout au long de l’année. Parallèlement aux réunions, le forum publie un certain nombre de rapports économiques et implique ses membres dans différentes initiatives liées à des secteurs spécifiques. Le forum « Forbezs Afrique » du Congo-Brazzaville se hissera-t-il au niveau des forums internationaux ?

Forum « Forbes Afrique »

De quoi le forum « Forbes Afrique 2013 » du Congo-Brazzaville est-il le nom ? Quel est l’objectif de Sassou Nguesso, le PCT et les agents du « chemin d’avenir » qui sont à l’origine de cette initiative ? Ni plus ni moins que « l’amélioration de l’état du Congo-Brazzaville et de l’Afrique par la rencontre et les échanges entre décideurs politiques, économiques et représentants de la société civile, répondent-ils en choeur. Quels sont les apports des décideurs congolais et africains ? Quelles ont été les contributions des penseurs, analystes, et chercheurs congolais et africains à ce forum ? A quoi et à qui sert-il ? Apporte-t-il les bonnes réponses à des États d’Afrique, des populations du Congo-Brazzaville et à des entreprises congolaises et africaines confrontés à une mondialisation de plus en plus complexe, voire chaotique ? Est-ce une simple et pure opération de communication ?

Diseux v/s faiseux

Au Congo-Brazzaville, En politique comme en économie, on distingue aisément les «diseux» et les «faiseux». Si l’on peut toujours compter sur les seconds pour développer une économie, une agglomération, une entreprise voire, dans les moments difficiles, participer au redressement d’un pays, on reconnaît davantage les premiers à leur verbe haut et à leur art de cultiver le paradoxe. C’est ainsi qu’on a pu entendre le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou N’Guesso, inviter le 23 juillet à Brazzaville, à l’ouverture du forum économique Forbes Afrique, les gouvernements africains et les partenaires au développement à soutenir l’émergence des classes moyennes africaines. Au Congo-Brazzaville, la politique économique conduitte par Sassou Nguesso, le PCT et les agens du « chemin d’avenir » a entraîné la disparition des classes moyennes. Ou on est riche, ou on est pauvre. Pas de juste milieu et pas de pitié. Les classes moyennes n’existent plus. L’espoir des classes moyennes, dont les revendications sont balayées d’un revers de la main par l’administration Sassou, s’est réduit comme peau de chagrin. De 1960, année de l’indépendance, au début des années 1980, les classes moyennes occupaient une place centrale . C’est donc depuis une vingtaine d’années que le malaise des classes moyennes est perceptible au Congo-Brazzaville et que les économistes ont mis en évidence leur mal-être, avec une middle class déstabilisée par le passage à une société postindustrielle. Coincée entre une classe à l’aise ( financièrement, politiquement, intellectuellement et technologiquement) dans la mondialisation et une classe sous-qualifiée, qui se replie sur elle-même. Une middle class écartelée , selon Julien Damon, entre l’explosion vers le haut des revenus, particulièrement en ce qui concerne les hommes politiques, les affairistes, les agents de la régie financières(trésor, douane, impôts, peorts, caisse centrale d’amortissement, délégation générale des grands travaux, généraux et colonels de l’armée…) et une underclass que les politiques publiques ont tourné le dos et ont du mal à réduire par un manque manifeste de volonté politique. Au Congo-Brazzaville, les classes moyennes regardent avec envie et colère les classes « d’en haut » qu’elles ne parviennent plus à rattraper et observent avec angoisse les classes « d’en bas » vers lesquelles elles craignent d’être aspirées. En somme, les deux classes se regardent en chiens de faïence. Sassou Nguesso, le PCT et les agents du « chemin d’avenir » appartiennent à la catégorie des diseux qui pompent de l’air et qui brassent du vent. Aristote a écrit : « Lorsque la classe moyenne est importante, il y a moins de risque de discorde et de division ». Sassou Nguesso, le PCT et les agents du « chemin d’avenir » l’entendron-ils ?

Malheureusement, au forum « Forbes Afrique 2013, il ne s’en est pas trouvé de décideurs, d’analystes, de chercheurs congolais et africains pour rappeler les contradictions de Sassou Nguesso . Le principal obstacle à l’éclosion des classes moyennes ? Les politiques économiques conduites dans les différents pays d’Afrique à commencer par le Congo-Brazzaville au budget de plus de 4 000 milliards de francs CFA, au taux de croissance de plus de 5,3 % et dont 70 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Le forum économique a la prétention d’être le saint des saints de l’économie, de l’industrie et de la mondialisation où se dégage les grandes orientations . Le forum « Forbes Afrique » du Congo-Brazzaville saura-t-il tenir ses promesses et entrera-t-il assez dans l’Histoire ?

Par Benjamin Bilombot Bitadys

Source: blog-Mediapart