ABIDJAN, 23 février (Xinhua) — Face au resserrement des relations économiques sino-africaines, certains médias occidentaux accusent la Chine de mener actuellement une “diplomatie du béton” en Afrique. Cependant, cette allégation a été condamnée par des experts ivoiriens, selon qui il s’agit en réalité d’une coopération intensive de la Chine en Afrique.

“Je dirai que ce qui est qualifié par certains comme une invasion ou une diplomatie chinoise du béton est en réalité une coopération intensive de la Chine en Afrique. Vu l’urgence des besoins, c’est une action bénéfique pour notre continent. Il ne s’agit donc pas d’une menace mais d’une opportunité pour le développement de l’Afrique”, a affirmé Sylvain Gueu, spécialiste ivoirien en sciences politiques et relations internationales, titulaire d’un master en diplomatie

Selon M. Gueu, l’Afrique a intérêt à diversifier sa coopération internationale. La coopération sino-africaine mérite d’être renforcée sur la base actuelle, c’est-à-dire d’un partenariat gagnant-gagnant. La Chine est une puissance économique dont l’évolution inspire les pays africains en quête d’émergence. “Les relations avec ce pays ne peuvent alors qu’être profitables pour notre continent en pleine croissance. La diplomatie utilisée par la Chine doit être alors vue sur le plan constructif, voire positif”, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, “on parle de diplomatie du béton pour faire référence à l’apport de la Chine dans le domaine du développement des infrastructures, mais les réalisations de la Chine concernent plusieurs autres domaines, tels que l’agriculture et la santé”, a rappelé l’expert.

“Les réalisations de la Chine sont une réponse aux besoins dans divers secteurs. Il s’agit d’améliorer les conditions de vie des populations africaines. Il faut reconnaître l’effort déployé par la Chine, et il s’agit d’une coopération fructueuse qui contribue sans nul doute au développement de l’Afrique”, a-t-il conclu.

Les critiques occidentales contre la politique diplomatique chinoise ont également suscité le désaccord d’une autre experte ivoirienne, la Docteure Edith Togba, enseignante d’économie à l’université Alassane Ouattara de Bouaké.

“Des médias parlent de diplomatie du béton, de diplomatie des transports et même certains parlent de néocolonialisme. Il n’en est rien de tout cela. Ce qu’il convient de retenir c’est que la Chine soutient la croissance des pays africains, elle constitue un partenaire clé en matière d’appui au développement”, a-t-elle souligné.

“De nombreux pays africains aspirent à l’émergence. Je m’appuierai sur le cas de la Côte d’Ivoire que je connais le mieux pour dire que l’émergence induit des investissements importants. Des pays africains comme la Côte d’Ivoire ont un taux de croissance qui leur donne la latitude de diversifier leur partenariat. Avant, c’était un partenariat quasi exclusif avec l’Occident. Aujourd’hui, d’autres grands pays comme la Chine proposent leurs compétences et on ne doit pas y trouver d’inconvénient”, a expliqué Mme Togba.

Selon l’estimation de l’experte, la forte croissance que connaît l’Afrique ces dernières années a entraîné de nombreux besoins en matière d’infrastructures, estimés à ce jour à plus de 100 milliards de dollars par an. C’est un chiffre important qui démontre l’urgence d’appuyer l’Afrique.

“L’actualité en Côte d’Ivoire nous dit qu’il y a une opération immobilière de grande envergure qui verra le jour, sous l’impulsion d’un groupe chinois. Le groupe chinois compte investir 5 000 milliards de FCFA pour réaliser une ville industrielle en Côte d’Ivoire. A cet effet, 30 000 emplois sont annoncés. Vous voyez que l’impact socio-économique de ce projet est très important pour la Côte d’Ivoire. Je sais que la Chine intervient dans plusieurs domaines ailleurs en Afrique et ceci est un catalyseur pour le développement de notre continent”, a-t-elle soutenu.