DAKAR, 29 juillet (Xinhua) — Le dialogue inter-religieux pour la paix dans le monde a été prôné par des religieux et des chercheurs réunis à Dakar en conférence sur le thème “Contribution de l’Islam à l’avènement d’une paix mondiale durable”.

Pour l’enseignant-chercheur qatari, Dr Mahmoud Madani, “le dialogue entre les religions ne devrait pas poser problème parce que toutes les religions viennent de la même source”.

“Les textes coraniques invitent à un dialogue interreligieux et un monde de paix ne pourra pas être réalisé sans le respect de l’autre”, a-t-il souligné.

Parlant du dialogue intra-religion, il a souligné que “dans le Moyen-Orient, les Chiites et Sunnites étaient unis mais les querelles ont commencé entre les deux communautés quand la politique s’est immiscée dans les relations”.

“Il faut revoir le fondement des religions qui recommandent, toutes, le dialogue et la tolérance entre personnes de même confession religieuse mais également de confessions différentes”, a-t-il conclu.

De son côté, l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, a soutenu qu'”il y a des violences meurtrières dans le monde à cause des appartenances religieuses alors que nous devons faire de notre diversité et multitude d’appartenance une richesse”.

“La paix mondiale par la paix entre les religions est possible mais cela passe par l’éducation à la justice et la tolérance”, a-t-il estimé invitant “les leaders politiques et sociaux à être les vecteurs de ce dialogue”.

“Il n’y a pas encore de conflits religieux fort heureusement”, s’est-il réjouit en parlant du Sénégal. Toutefois, a-t-il prévenu, “il faut rester vigilants et repérer les potentiels foyers de tensions avant qu’ils ne se transforment en sources de violences religieuses”.

“Il y a certains gens qui véhiculent des préjugés sur les autres confessions à cause de l’ignorance et d’autres qui tiennent des discours haineux et des violences verbales pouvant porter atteinte aux institutions religieuses”, a-t-il fait remarquer.

“Le complexe de majorité ou de minorité, le non-respect des droit de l’homme, le sous-développement et les liens entre politique et religion peuvent aussi être un danger pour le dialogue interreligieux et la tolérance entre individus appartenant à des religions différentes”, a-t-il relevé.

Le khalife général musulman de Pire (ouest), El Hadji Moustapha Cissé, a, pour sa part, estimé que “le Sénégal est un exemple de réussite dans la cohabitation entre religions”.

“C’est un pays dont 95% de la population est musulmane mais dont le premier président de la République, Léopold Sédar Senghor, était catholique”, a-t-il rappelé.

“Cette tolérance religieuse fait notre fierté et il faut la préserver parce que nous vivons des moments difficiles où la paix est menacée partout dans le monde”, a-t-il poursuivi.

“Seul le dialogue interreligieux peut permettre de restaurer la paix dans le monde et d’avoir une stabilité internationale. C’est inéluctable”, a-t-il affirmé.

L’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Penda Mbow, a, elle, relevé “les problèmes entre fidèles appartenant à la même religion et qui constituent également une menace dans certaines parties du monde comme le Moyen-Orient”.

Parlant “des divisions entre Chiites et Sunnites, qui se réclament tous de l’Islam”, elle a soutenu que “ces divisions résultent d’une méconnaissance et d’une instrumentalisation de l’islam”.

Ainsi, a-t-elle recommandé “un dialogue à l’intérieur des religions avant de parler de dialogue entre les religions”.

La conférence de Dakar a été ouverte mardi par le Chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, qui a estimé qu'”il n’y a pas de dialogue possible avec les terroristes qui sont partout, qui n’épargnent personne et qui n’ont aucune religion parce que l’islam est une religion de paix”.

“Il faut débattre de la question en créant des espaces de dialogue entre les leaders de tous les bords pour éviter cette incompréhension de l’islam associée à l’intolérance”, a-t-il suggéré.