Abuja – Le Congrès progressiste (APC), au pouvoir au Nigeria, a dénoncé dimanche le pillage ahurissant des fonds publics et appelé l’opinion à soutenir les efforts du président Muhammadu Buhari pour les récupérer.

Dans un communiqué, le parti vainqueur des dernières élections décrit comme glaçant et ahurissant le pillage massif des ressources nationales par des représentants de l’État, déclarant que seul le recouvrement complet des fonds sera une solution acceptable pour les patriotes nigérians.

Investi le 29 mai, le chef de l’État nigérian Muhammadu Buhari s’est engagé à lutter farouchement contre le démon de la corruption et à traduire en justice les responsables. Il a ainsi limogé le conseil d’administration de la compagnie pétrolière nationale, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), considérée comme minée par la corruption.

Le pillage qui a eu lieu […] a atteint des niveaux qui dépassent l’entendement, s’indigne l’APC dans son communiqué, réclamant que les milliards de dollars volés dans le secteur pétrolier comme dans les autres soient récupérés.

L’APC appelle en outre tous les Nigérians à soutenir l’administration Buhari pour que les coupables soient traduits en justice et que des mesures soient mises en place pour empêcher les vols à l’avenir.

Entre autres scandales, le parti note, pêle-mêle, que 18 milliards d’euros, soit la moitié des revenus de la vente de pétrole brut entre 2012 et 2015, ont été prélevés par la NNPC, que six milliards de dollars auraient été détournés du budget par d’anciens ministres ou encore que 13 milliards de dollars de dividendes provenant des exportations de gaz liquéfié demeurent introuvables.

Quiconque tente, par les mots ou par les actes, de saboter les efforts pour récupérer les fonds n’est pas patriote et ne mérite que l’opprobre, avertit le Congrès progressiste. Fermer les yeux et permettre à ceux qui se sont approprié les biens communs de s’en sortir reviendrait à les féliciter, ajoute-t-il.

Le Parti démocratique populaire (PDP) de l’ancien président Goodluck Jonathan, qui a perdu les élections en mars après 16 années au pouvoir, a réagi dimanche à ces déclarations en appelant le président Buhari à lutter contre la corruption mais dans le respect de la loi.

Dans son communiqué, le PDP ne se dit pas hostile à cette lutte contre la corruption, du moment qu’elle est menée dans le champ des procédures prévues par la loi.

M. Buhari a accusé l’administration précédente de Jonathan Goodluck d’avoir vidé les caisses de l’État.

Un grand nettoyage est d’ores et déjà annoncé au sein de la NNPC, dont le nouveau directeur général, Emmanuel Kachikwu, formé aux Etats-Unis, a promis jeudi un audit complet des comptes et du personnel.

Les vols et détournements de pétrole brut constituent un problème majeur au Nigeria, première puissance économique et premier producteur de pétrole du continent africain, et représentent, selon les estimations, des pertes de 6 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros) par an.

(©AFP / 16 août 2015 18h36)